ARRÊTER LÉPIDÉMIE DU SIDA EST UNE CONDITION INDISPENSABLE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT, SOULIGNE KOFI ANNAN
Vous trouverez ci-après le texte intégral de la déclaration du Secrétaire général à la Réunion de haut niveau de lAssemblée générale sur le VIH/sida, le 2 juin:
Il y a quatre ans, lAssemblée générale sest réunie en session extraordinaire et sest engagée, à lunanimité, à combattre le fléau du VIH/sida.
Jai dit alors que nous traversions une crise sans précédent, mais à laquelle il y avait une solution: une réaction collective sans précédent.
Jespérais que la Déclaration dengagement issue de cette session serait le point de départ dune réaction proportionnelle à lépidémie.
Quatre ans plus tard, on peut dire que dans tous les domaines clefs mobilisation politique, financement, intensité et ampleur des programmes de prévention, et accès aux traitements les choses ont bougé.
Mais pas assez. Comme lindique mon rapport de suivi, certaines interventions ont donné de bons résultats, mais au total notre réaction na pas été à la mesure de lépidémie.
Lannée dernière, il y a eu plus de nouvelles infections et plus de morts dues au sida que jamais auparavant.
Le VIH et le sida ont continué à gagner du terrain, à un rythme de plus en plus rapide, sur tous les continents.
Les efforts déployés en matière de traitement et de prévention ont été de très loin insuffisants.
Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, seuls 12% de ceux qui auraient eu besoin dun traitement antirétroviral en ont bénéficié.
Et alors que les jeunes surtout les jeunes femmes comptent pour plus de la moitié des nouveaux cas, rares sont ceux qui ont eu accès à de réels services de prévention sadressant à la jeunesse.
Il est clair que lépidémie continue de nous prendre de vitesse. Pour larrêter et la faire reculer dici à 2015, comme le prévoient les Objectifs du Millénaire pour le développement, nous devons en faire beaucoup plus.
Nous savons quelles mesures sont efficaces. Nous savons quil est possible dinterrompre le cycle de la contagion.
Nous avons vu au Brésil, au Cambodge, en Thaïlande et en Inde ce que donne un bon programme de prévention.
Il semble que le même processus soit en train de senclencher dans divers pays du monde, par exemple aux Bahamas, au Cameroun, au Kenya et en Zambie.
Certains de ces pays ont réussi à endiguer lépidémie à un stade précoce. Dautres lont fait reculer alors quelle avait déjà pris pied.
Nous avons aussi assisté à de réels progrès en ce qui concerne laccès aux traitements. À la fin de lannée dernière, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 700 000 personnes suivaient un traitement antirétroviral, grâce notamment à linitiative « trois millions dici à 2005 » lancée par lOMS et ONUSIDA, aux activités financées au moyen du Fonds mondial, au Plan durgence du Président des États-Unis et au Programme plurinational de lutte contre le VIH/sida de la Banque mondiale.
Nous devons multiplier ces initiatives.
Il faudra pour cela des ressources supplémentaires qui proviennent des donateurs habituels, du secteur privé et des pays les plus touchés eux-mêmes. Il faudra que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme soit suffisamment alimenté et que les organisations qui fournissent directement des services à ceux qui en ont besoin reçoivent des fonds beaucoup plus importants.
Il faudra mieux planifier pour que les ressources soient utilisées le plus rationnellement possible. Le principe des « trois uns » un cadre daction contre le VIH/sida, un organisme national de coordination de la lutte contre le sida, et un système de suivi et dévaluation à léchelle nationale devra être gardé à lesprit.
Il faudra faire preuve dinitiative et de dynamisme, à tous les niveaux et dans tous les domaines, pour parvenir à éliminer le problème de la stigmatisation et de la discrimination ou à renforcer les systèmes et les infrastructures de santé publique.
Il faudra investir vraiment dans lautonomisation des femmes et des filles. À léchelle mondiale, les femmes représentent désormais à peu près la moitié des séropositifs, mais ce sont aussi elles qui luttent avec le plus de courage et de créativité contre lépidémie.
Comme vous le savez, en septembre, les dirigeants politiques du monde se réuniront ici, à lONU, pour évaluer les progrès accomplis dans lapplication de la Déclaration du Millénaire et pour tracer la route à suivre à lavenir.
Par bien des aspects, la tâche sera plus ardue cette année quen 2000, quand la Déclaration a été adoptée. Au lieu de se fixer des objectifs, les dirigeants devront cette fois décider des moyens de les atteindre. Ils devront arrêter un plan pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Lefficacité de la lutte contre le sida sera déterminante à cet égard. Arrêter lépidémie nest pas quun objectif en soi: cest aussi une condition indispensable à la réalisation de presque tous les autres.
Cest pourquoi la lutte contre le sida est peut-être un des plus grands défis pour notre époque et notre génération. Nos efforts pour édifier un monde humain, sain et équitable naboutiront que si nous sommes à la hauteur de ce défi. Nous devons absolument lêtre.
* Publié à nouveau pour raisons techniques.
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