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Asie du Sud : Le tsunami aurait tué jusqu’à quatre fois plus de femmes que d’hommes

26 Mar 2005

Jusqu’à quatre fois plus de femmes que d’hommes ont péri dans le tsunami, selon une nouvelle étude présentée aujourd’hui par l’organisme humanitaire Oxfam International. “Le tsunami a porté un dur coup aux femmes et aux hommes de toute la région. Dans certains villages, on croit maintenant qu’il y aurait 80 % de femmes parmi les morts.
Cette disparité entraînera des problèmes au cours des années à venir à moins que tous ceux qui travaillent aux secours s’en occupent dès maintenant. On entend déjà parler de viols, de harcèlement et de mariages hâtifs imposés aux femmes. Il faut être attentif et assurer la protection, l’inclusion et l’autonomisation des femmes qui ont survécu” déclare Pierre Véronneau, directeur général d’Oxfam-Québec.

Ces chiffres sont tirés d’un rapport démontrant l’impact du tsunami sur les femmes. Les nouvelles données illustrent crûment ce déséquilibre entre les sexes.
Oxfam a examiné la situation de huit villages dans deux districts d’Aceh,en Indonésie.
    – Dans quatre villages du district d’Aceh Besar, il n’y avait que 189 femmes parmi les 676 survivants, soit presque trois fois plus de survivants que de survivantes.
    – Dans quatre villages du district d’Aceh-Nord, on comptait 284 femmes parmi les 366 morts, soit 77 %.
    – Dans le village le plus durement touché, Kuala Cangkoy, 80 % des morts étaient des femmes.

Dans Cuddalore, le deuxième district le plus touché en Inde, on compte presque trois fois plus de décès chez les femmes que chez les hommes – 391 femmes pour 146 hommes. Dans le village de Pachaankuppam, seules des femmes sont mortes. La situation est similaire au Sri Lanka : des enquêtes réalisées dans les camps suggèrent qu’il y aurait eu beaucoup plus de morts parmi les femmes que parmi les hommes.
Cet écart serait imputable à un ensemble de raisons. Les femmes sont restées là pour chercher leurs enfants (dont elles s’occupaient quand le raz-de-marée a frappé). A Aceh, beaucoup de femmes travaillent à l’extérieur du foyer, mais la vague a frappé le dimanche alors qu’elles étaient à la maison pendant que les hommes faisaient des courses, étaient en mer (où les vagues étaient moins féroces), ou travaillaient aux champs. En Inde, les femmes étaient sur le rivage, attendant les pêcheurs qui revenaient avec leurs prises. Au Sri Lanka, dans le district de Batticoloa, le tsunami a frappé à l’heure où les femmes de la côte Est prennent habituellement leur bain dans la mer.

Les données d’Oxfam offrent d’autres exemples du tribut particulièrement lourd que les femmes doivent payer au tsunami.
    – Des femmes subissent du harcèlement verbal et physique de la part des
      hommes dans les camps et les colonies, elles redoutent les agressions
      sexuelles dans les camps de relocalisation surpeuplés.
    – Les femmes sont plus touchées par la perte de revenu et l’impossibilité
      d’obtenir de l’argent comptant, elles sont exposées à l’exploitation
      sexuelle et à des formes de dépendance dont elles auront du mal à se
      défaire.

Oxfam invite les gouvernements et les ONG à intervenir sur-le-champ en adoptant les mesures suivantes :
    – Recueillir et utiliser des données ventilées selon le sexe.
    – Travailler avec les hommes ayant perdu leur femme pour les aider à
      s’adapter à leur nouveau rôle, notamment en ce qui a trait aux soins
      des enfants.
    – Veiller en priorité à protéger les femmes de la violence et de
      l’exploitation sexuelle, notamment dans les camps.
    – S’assurer que les femmes et les hommes aient le même accès à un revenu,
      à la fois dans le cas des projets argent contre travail et des
      programmes en vue de rétablir les moyens d’existence à plus long terme.
    – S’efforcer d’obtenir une participation véritable des hommes et des
      femmes, à tous les niveaux, au moment d’évaluer les besoins, d’offrir
      des secours et d’évaluer l’efficacité des interventions.
    – Modifier la tendance des organismes et des gouvernements à considérer
      les femmes comme de simples victimes et reconnaître leur statut de
      citoyennes ayant des points de vue distincts.
    – Commander et réaliser plus de recherches dans le domaine.

Oxfam réagit à la situation sur le terrain en assurant la participation pleine et entière des femmes à tous les programmes argent contre travail et ceux qui visent à rétablir les moyens d’existence; en versant un salaire égal aux hommes et aux femmes dans ces programmes; en construisant les installations destinées aux femmes dans des endroits où elles se sentent en
sécurité; et en s’assurant qu’il y a des femmes élues parmi les représentants des communautés où Oxfam travaille.

       Oxfam-Québec travaille principalement avec les femmes dans les pays en développement, pour que leur rôle primordial dans le développement durable soit reconnu et renforcé.

     Pour plus d’information sur le travail d’Oxfam-Québec, de l’urgence
            au développement durable, visitez le www.oxfam.qc.ca

Renseignements: Justine Lesage, Oxfam-Québec, (514) 774-1887; Lorraine
Simard, Oxfam-Québec, (514) 718-2858; Des travailleurs humanitaires d’Oxfam
sont disponibles en Indonésie, au Sri Lanka et en Inde pour répondre à vos
questions (en anglais seulement); Vous pouvez obtenir des photos à haute
résolution pour illustrer cet article à :
http://www.oxfam.org.uk/press/downloads/tsunami_photos.htm

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