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Assez de provocations et d’irresponsabilité !

03 Nov 2005

Communiqué de presse – Jeudi 3 Novembre 2005 – De très graves événements se produisent dans les quartiers populaires de plusieurs villes de France, notamment en région parisienne : voitures incendiées, actes de violence contre les pompiers, vandalisme, affrontements avec les forces de police, tirs de flash-ball et de grenades lacrymogènes, En plein Ramadan, une mosquée a même été atteinte. Limmense majorité des femmes, des hommes et des jeunes de ces quartiers, a commencer par celles et ceux qui sont le plus en difficulté, souvent issus de limmigration, sont les premières victimes de ces violences intolérables.

Nous voulons que la vérité soit établie sur lenchaînement des faits qui ont conduit à cette situation. Une commission denquête parlementaire doit être mise en place ainsi que la demandé Marie-George Buffet, le 2 novembre, au nom des député-e-s communistes, dans les meilleurs délais. Toute la lumière doit être faite.

Cette explosion trouve son détonateur dans la politique irresponsable de provocation du Ministre de lIntérieur, inspirée par des raisons politiciennes et dambition personnelle. Ruinant des années defforts délus locaux et dassociations, Nicolas Sarkozy na manqué aucune occasion, comme représentant de la République, de stigmatiser les populations de quartiers entiers. Il a utilisé leur propre souffrance de la mort dun enfant il y a quelques mois à celle de deux jeunes voici quelques jours pour entretenir un amalgame odieux entre les femmes, les hommes et les familles confrontées aux pires difficultés avec la criminalité à laquelle il se montre même incapable de sattaquer. Stigmatisés, humiliés, discriminés, certains jeunes sont devenus les otages de cette logique daffrontement dans laquelle ils croient à tort pouvoir exprimer leur colère, leur révolte et leur désespoir.

Le Gouvernement se montre incapable de garantir lordre public. La politique du Ministre de lIntérieur, inspiré des idées de lextrême droite, est un plus quun échec complet : elle attise toutes les tensions et produit le résultat strictement inverse de celui quelle prétend obtenir. Nicolas Sarkozy doit être démis de ses fonctions. Le Gouvernement, qui le soutient, doit publiquement reconnaître son échec et décider un radical changement de sa politique de sécurité publique.

Mais la situation actuelle, rendue explosive par les provocations ministérielles, est le produit de très longues années de sous-estimation de la gravité des problèmes posés par ce quon a appelé la « crise urbaine », à laquelle les gouvernements successifs se sont refusés à répondre.

La sécurité publique ne peut se construire quand une part importante et croissante de la population est abandonnée à des difficultés sans solutions. Ce nest pas un hasard si la jeunesse en est la première victime. Comment des familles déstructurées par le chômage et la précarité, vivant au jour le jour le déni des droits fondamentaux que proclame la République à commencer par légalité devant la loi et la sécurité pourrait-elle transmettre des repères ? Comment des jeunes qui ne voit laisance et la richesse quà la télévision, et qui vivent au quotidien pour eux et pour leurs familles des discriminations insupportables, pourraient se sentir partie-prenante de cet ordre social qui les méprise et qui nie leurs droits ? Comment léchec scolaire, lavenir bouché, le chômage et le désuvrement, la méfiance dont ils se sentent visés ne feraient pas le lit des pires dérives, contribuant à en jeter certains dans les filets tendus par les délinquants et les mafieux ?

Rétablir lordre est une urgence extrême. Les responsables des violences et des dégradations doivent être sanctionnés. Cela ne passera pas par lacceptation de lescalade de la violence. Le Parti communiste propose de mettre en uvre un ensemble de mesures permettant de mettre un terme à une évolution de plus en plus dangereuse.

  1. Sattaquer vraiment à léconomie parallèle et aux trafics de tous genres, en marquant une détermination sans faille, jusquaux instances internationales, pour atteindre dans les paradis fiscaux ceux qui blanchissent largent sale, profitent et mettent en place les réseaux locaux.
  2. Engager avec les populations concernées un véritable dialogue, montrant la détermination des pouvoirs publics à prendre leurs problèmes et leurs souffrance en considération pour y apporter des solutions. Ce dialogue, qui doit être développé dans un esprit de détente et non dans une logique de déploiement de forces répressives, suppose la mise en place immédiate de dispositifs de police de proximité, de partenariats entre tous les acteurs concernés : police, gendarmerie, justice, élus locaux, associations, Education nationale, réseaux de transport, bailleurs sociaux
  3. Accorder les très importants moyens nécessaires aux services publics dont dépend pour les populations concernées, et notamment les jeunes, la possibilité de prendre à part entière leur place dans la société :

· · aide aux familles et à la petite enfance ;

· · moyens massifs pour les collèges où se joue bien souvent lavenir dun ou dune jeune ;

· · soutien important aux associations qui sont dans bien des cas le seul moyen dagir efficacement ;

· · développement considérable des transports pour désenclaver certaines villes et certains quartiers ;

· · décision de faire du logement social une priorité par la création dun service public du logement se donnant lobjectif de faire rapidement du droit à un toit un droit absolu ;

  1. Développement en grand, à lexact inverse de ce qui se fait depuis des années, des moyens de protection de la jeunesse, notamment sur le terrain de la prévention.
  2. Redonner leur dignité aux familles et aux jeunes :

· · Respecter la jeunesse de lEtat à la cité ;

· · Reconnaître les étrangers vivant en France comme des citoyens à part entière et leur donner le droit de vote ;

· · Lancer un grand plan déradication de la pauvreté qui touche dans notre pays des millions de personnes, notamment des enfants ;

· · Supprimer toutes les lois qui portent atteintes aux libertés et alimentent la cycle violence-répression-violence.

  1. Mettre la police au service de toute la nation, ce qui implique : démocratisation, formation, proximité, moyens adaptés.
  2. Redonner du sens à la loi, ce qui implique : quelle soit la même pour toutes et tous ; quelle assure le respect des droits afin que la notion de devoirs reprenne tout son sens et sa légitimité pour chacun-e ; quelle soit effectivement élaborée par tous, ce qui suppose le développement de la citoyenneté et de la démocratie dans tous les domaines de la vie sociale, y compris le fonctionnement des services publics.
  3. Donner à la justice les moyens de faire respecter la loi ce qui implique, pour les magistrats comme dans le système pénitentiaire, les moyens nouveaux nécessaires pour faire de la sanction de chaque infraction le moyen de faire vivre et renforcer, dans le respect de chaque personne, les règles fondamentales qui permettent de vivre ensemble.

Parti communiste français

Paris, le 3 novembre 2005.

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