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ONU: Commission du Developpement Social

10 Fév 2005

COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LA VICTOIRE SUR LA PAUVRETÉ PASSE PAR LA RESPONSABILISATION SOCIALE DES PREMIERS CONCERNÉS

« Linégalité des progrès en matière de lutte contre la pauvreté conduit à sinterroger sur le degré dintégration des objectifs de développement social dans les plans nationaux de développement ».  Cette invitation à la réflexion a été lancée, ce matin, par la Ministre de la condition féminine et du développement social du Pérou qui a inauguré la table ronde sur lélimination de la pauvreté à lissue de laquelle un consensus a émergé sur limportance quil y a à responsabiliser socialement les communautés locales, les premières concernées, pour assurer la victoire sur ce fléau.  La table ronde a été organisée dans le cadre de la 43e session de la Commission du développement social qui célèbre, cette année, le dixième anniversaire du Programme daction de Copenhague.  Dans la capitale danoise, 117 chefs dÉtat et de gouvernement ont fixé neuf objectifs liés à la promotion du progrès social, de la justice et de lamélioration de la condition humaine.

Pourtant, en 2003, les 10 personnes les plus riches du monde détenaient des avoirs estimés à 117 milliards de dollars alors que le revenu national dun pays comme la République-Unie de Tanzanie et ses 35 millions dhabitants se chiffrait à 10 milliards de dollars.  Après avoir accolé ces chiffres négatifs au premier objectif de la Déclaration du Millénaire de 2000 visant à réduire de moitié dici à 2015 le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême, Kaushik Basu, professeur à lUniversité Cornell aux Etats-Unis, a estimé que la meilleure façon de procéder, pour triompher de la pauvreté, est de commencer par identifier avec précision et sans concessions ses causes « essentielles ».

Alors que la pauvreté recule dans des pays comme lInde, la Chine ou ceux dAfrique du Nord, les inégalités continuent de saccentuer.  Le professeur Basu sest demandé si linégalité nest pas en fait le prix à payer pour combattre la pauvreté.  Que peut faire lenvironnement mondial, notamment les Nations Unies, pour résoudre tous ces problèmes? a-t-il ajouté en ouvrant une autre piste de réflexion et en prévenant que le caractère multidimensionnel de la pauvreté ne saurait être un alibi à linaction.

Le problème de la pauvreté exige une approche novatrice et non conventionnelle, a suggéré, en premier, Anwarul Chowdhury, le Haut Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Au titre des causes de la pauvreté, M. Chowdhury a cité le fait que les personnes concernées

naient pas les moyens de faire entendre leur voix.  Pour lui, tout doit partir de leur émancipation et de leur responsabilisation sociales pour parvenir à ce développement de proximité participatif prôné par tous dont le Directeur du plan national sur la stratégie de lutte contre la pauvreté, les inégalités et lexclusion du Paraguay.  Pour ce faire, a estimé la représentante de lInstitute of Statistical, Social and Economic Research de lUniversité du Ghana, il faut dabord réfléchir aux mesures incitatives nécessaires à un engagement actif des personnes concernées dans la lutte contre ce fléau pour éviter des échecs en « déléguant des pouvoirs à la base », a ajouté le représentant du Ministère de la planification du Pakistan.  Poursuivant, le Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc a expliqué les tenants et les aboutissants du plan de développement social territorial mis en uvre dans le cadre dun contrat-programme entre le Gouvernement marocain et les intervenants locaux. 

Appuyé par de nombreux participants, le Haut Représentant des Nations Unies a poursuivi en jugeant essentiel de sattaquer dabord à la situation des pays les plus pauvres, en particulier les PMA qui ont énuméré leurs besoins dans le Programme daction de Bruxelles adopté en 2001 et mis laccent sur les problèmes structurels tels que le chômage, les maladies comme le VIH/sida, le manque de ressources humaines, financières, techniques et humaines, et labsence dinfrastructures.  Ces points ont été rappelés, entre autres, par le représentant du Ministère chargé des gouvernements locaux du Botswana ou encore le représentant de la Zambie.  Dans ce contexte, la représentante de lAlgérie a attiré lattention sur le Nouveau partenariat pour le développement de lAfrique (NEPAD).

La pauvreté nest toutefois pas le monopole des pays en développement, a insisté la Secrétaire dÉtat chargée des affaires sociales, de la famille et des personnes handicapées de lEspagne.  Elle a qualifié derronée toute politique qui consisterait à compter uniquement sur le développement économique et à minimiser limpact des interventions de lÉtat qui doit demeurer le garant, comme la souligné le représentant de la Suisse,de la répartition équitable des richesses et qui est seul à même, a renchéri le représentant de Research Fellow Overseas Develpment Institutede palier le manque dactifs, linsécurité et lexclusion sociale, causes essentielles de la pauvreté.  Ces propos ont été fortement soutenus par la Ministre de la planification et de la coopération du Chiliqui a mis laccent sur le « développement basé sur lêtre humain » lancé dans son pays. 

Des mesures sociales concrètes doivent être prises, a prôné la Secrétaire dÉtat espagnole, en citant les politiques de subventions contre le chômage ou encore celles des pensions en faveur des groupes vulnérables comme les personnes âgées, les retraités ou les personnes handicapées.  Elle sest aussi attardée sur la nécessité duniversaliser les secteurs de la santé et de léducation et de promouvoir légalité des chances entre les sexes.  Lune des mesures les plus utiles à prendre dans un pays développé, a-t-elle poursuivi, est la politique de revenu minimum dinsertion qui tient compte des situations des graves pénuries financières et économiques.  Ses suggestions visant à lier intimement la politique sociale à lemploi, ont été approuvées par de nombreux intervenants.

Les commentaires de la représentante espagnole sur le rôle du développement économique ont conduit le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique dIran à défendre une intégration des politiques de développement social dans les stratégies macroéconomiques nationales.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine a profité de cette position pour attirer lattention sur les iniquités du système commercial international.  Le représentant du Nigéria a pris la parole pour mettre laccent sur les questions de la dette extérieure et de la corruption.  Les liens entre la pauvreté et des questions comme laccès au microfinancement, la migration, la fuite des cerveaux, la violence domestique, la croissance démographique, la sécurité collective ou le respect des droits de lhomme et létat de droit ont été soulignés par dautres intervenants dont beaucoup ont insisté sur la féminisation de la pauvreté.

Sur le plan international et concernant la responsabilité collective reconnue par tous, la Directrice générale du Centre national de recherche sur le bien-être et la santé de la Finlande sest interrogée sur les moyens de mettre en place une structure mondiale qui travaillerait à une meilleure répartition des richesses.  Le renforcement de la coopération internationale à travers des organismes tels que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou lOrganisation mondiale du commerce (OMC) a été défendu, dans ce contexte, par la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour lEurope (CEE).  La coopération internationale doit aussi promouvoir une plus grande mobilité des personnes, ont ajouté plusieurs intervenants.

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