Intervention scientifique post sismique à Haïti
Afin de préciser les caractéristiques du séisme d’Haïti et de quantifier les risques qui subsistent pour les années à venir une intervention sismologique en mer, la campagne HAITI-OBS, est mise en place par le laboratoire Géoazur (CNRS, IRD, Université de Nice, Observatoire de la côte d’Azur), en collaboration avec le laboratoire Domaines océaniques (CNRS/Université de Brest), les observatoires sismologiques de Martinique et de Guadeloupe (IPGP), l’Université Antilles-Guyane et le laboratoire de Géosciences marines de l’Ifremer. Cette campagne se déroulera à bord du navire océanographique pluridisciplinaire de l’Ifremer, L’Atalante. Des stations sismologiques seront déployées au nord et au sud de la péninsule sud haïtienne et permettront l’enregistrement des répliques de très faible magnitude qui continuent de se produire au voisinage de la zone de rupture du séisme du 12 janvier 2010.
Pour mieux évaluer les risques
d’autres séismes autour de cette zone géographique, des observations
sismologiques, géophysiques et tectoniques post sismiques sont
nécessaires. Les différents laboratoires du domaine réunis au sein de
la « cellule d’intervention post-sismique de l’INSU» ont
immédiatement échangé informations et analyses afin de décider des
actions possibles et nécessaires. Depuis le choc majeur de la région
d’Haïti, les réseaux sismiques ont enregistré de nombreuses répliques,
certaines approchant la magnitude 6. Ces répliques sont localisées sur
ou au voisinage de la section de faille qui a rompu. Leur nombre, et
surtout leur magnitude moyenne a considérablement diminué depuis le 12
janvier 2010 et elles ne sont plus enregistrées par les réseaux
sismologiques mondiaux. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire
de déployer un réseau sismologique local qui permettra d’enregistrer et
de caractériser l’évolution de ces petits séismes.
Une intervention post sismique à terre n’étant pas encore envisageable
du fait des conditions locales, le déploiement de stations
sismologiques fond de mer a été décidé, il sera effectué au cours de la
campagne Haiti-OBS. Pour cette campagne, une équipe de neuf
scientifiques est mobilisée pour installer 21 sismomètres fond de mer
(OBS). 6 font partie du parc de l’IRD, géré par le laboratoire Géoazur
(CNRS/IRD/Université de Nice/UPMC/Observatoire de la côte d’Azur)
équipés de capteurs longue période ils ont une autonomie de 3 mois. Les
15 autres appartenant au laboratoire Géosciences Marines (Ifremer)
équipés de capteurs courte période ont une autonomie limitée à 3
semaines. Ces équipements seront déployés depuis le pont du navire, par
des profondeurs de 1000 mètres et plus. Les capteurs, posés sur le fond
de la mer, enregistreront en continu les mouvements du sol au large
d’Haïti. La mission est donc destinée à enregistrer les répliques du
séisme du 12 janvier dernier. Les données scientifiques ainsi
recueillies aideront à mieux comprendre les mécanismes à l’origine des
tremblements de terre. Le navire est arrivé le 8 février à
Port-au-Prince et restera sur la zone 3 à 4 jours.
Le séisme d’Haïti, qui s’est produit le 12 janvier 2010 à 16h56 heure
locale, a atteint une magnitude de 7 à 7,3 (Mw)(2). Il est dû au
mouvement décrochant (mouvement horizontal de deux blocs de la croûte
terrestre l’un par rapport à l’autre) de la faille Enriquillo-Plantain
Garden qui passe à une vingtaine de kilomètres de la capitale
Port-au-Prince. La zone de rupture du séisme serait située très près de
la capitale. De relativement faible profondeur (entre 10 et 13 km),
elle atteint probablement localement la surface. On évalue actuellement
l’étendue latérale de cette rupture à environ 50 km, sa longueur à
environ 70 km, et son glissement cosismique de 1 à 2 m. Ces
caractéristiques, associées à la proximité de la capitale, expliquent
l’ampleur de la catastrophe.
Même si cette faille n’avait pas produit de séisme important au cours
de ces dernières décennies, elle a probablement été la source des
séismes historiques de 1751 et 1770 qui, d’après les écrits d’époque de
l’historien Moreau de Saint Méry, auraient tous deux détruit la ville
de Port au Prince. Longue de 300 km, de direction est-ouest, on peut
suivre cette faille depuis le lac d’Enriquillo en République
Dominicaine la plaine de Plantain Garden (le “jardin des
bananes-plantain”), en Jamaïque. Elle n’a été affectée ce 12 janvier
2010 que sur environ un tiers de sa longueur. La mission actuelle a
donc pour objet d’établir un état de la situation de la faille.
Contacts :
Chercheurs IRD l Philippe Charvis l T 04 93 76 38 83 l [email protected]
Communication INSU l Christiane Grappin l T 01 44 96 43 37 l [email protected]
Presse CNRS l Cécile Pérol l T 01 44 96 43 90 l [email protected]
Presse IRD | Vincent Coronini | T 04 91 99 94 87 | [email protected]
Presse Ifremer l Johanna Martin l T 01 46 48 22 40 l [email protected]
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