DECLARATION DE FRANCOIS HOLLANDE
Le résultat est dautant plus net que nos concitoyens ont participé massivement à cette consultation.
Cest une décision politique majeure, et elle nous engagera pour longtemps. Elle est grave pour lEurope qui risque dêtre privée, pour longtemps, du cadre institutionnel nécessaire à son fonctionnement et à son élargissement.
Mais ce vote traduit surtout lampleur de la crise profonde que traverse notre pays.
Les Français ont, en effet, exprimé une nouvelle fois à cette occasion même si ce nétait pas le moment, à nos yeux, de le faire, ils lont fait- leur colère et leur exaspération à légard dun Chef de lEtat qui non seulement a froissé tous ses engagements, mais a refusé dentendre les messages qui lui avaient été adressés notamment lors des élections régionales, cantonales et européennes du printemps dernier. Exaspération et colère aussi à légard dun Premier ministre dont la politique est une suite déchecs et dont lintervention dans le cadre de la campagne référendaire a été une suite de contre vérités et de contre production.
Le rejet du Traité, cest donc dabord le rejet du pouvoir. Les Français ont traduit, à travers ce vote que je regrette mais qui est là, leur insatisfaction par rapport à la situation économique et sociale, le chômage qui ne cesse de progresser, le pouvoir dachat qui ne cesse de se réduire. Ils ont exprimé leur inquiétude par rapport à lavenir, dont lEurope a été injustement considérée comme responsable.
Les socialistes, et jen suis fier, au nom de leurs engagements européens, de leur solidarité avec lensemble de la gauche européenne et surtout du vote que leurs adhérents avaient exprimé dans une consultation interne, ont fait le choix de la vérité sur le Traité constitutionnel, de la cohérence, de la sincérité, en dissociant le texte du Traité du contexte de politique intérieure. Ils nont pas à le regretter ; ils ont simplement à tenir compte dun vote qui est intervenu et qui traduit le malaise profond que vit notre pays.
Les socialistes ont eu dautant plus de mal je le reconnais- à se faire entendre que leur Parti sest divisé, certains saffranchissant de la règle commune.
Il faut donc tirer toutes les conclusions de ce qui vient de se produire :
La droite est aujourdhui incapable doffrir une perspective au pays. Sa politique a échoué. Il ny a pas dinflexion à attendre du discours de Jacques Chirac ce soir. Il y aura un changement de gouvernement, mais nous navons aucune illusion sur le gouvernement qui succèdera à celui de Jean-Pierre Raffarin. Il poursuivra la même politique, hélas, avec les mêmes résultats. Il ny a rien à attendre non plus de la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy. Cest la même politique que celle de J.-P. Raffarin, même si elle sappelle celle de N. Sarkozy. Cest à la gauche donc, à celle qui a voté « Oui » comme à celle qui a voté « Non », de se retrouver sur un projet crédible et mobilisateur ; cest à la gauche de se préparer pour le changement, le vrai changement, le seul possible.
Les socialistes qui ont tenu courageusement le cap sur leur conviction doivent se rassembler, désormais, sur les orientations qui sont les leurs et sur une stratégie qui évite le double discours, les désillusions et les incantations sans lendemain. Leurs adhérents doivent avoir leur dernier mot sur les choix à venir ; et jen prends ici lengagement.
Enfin, il y a lEurope. Elle ne doit pas être victime du désordre intérieur français, de la droite française et du malaise profond de notre pays. Elle doit redevenir une espérance pour les peuples et non une source de méfiance. Là encore, cest aux socialistes socialistes français, socialistes européens- dêtre au rendez-vous de ce grand défi du continent, aux socialistes français dêtre là pour leur pays pour lui donner une perspective, un sens, une direction, un espoir et de faire, demain, gagner la gauche sur un projet qui devra être crédible, mobilisateur et sincère.
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