Mercredi 12 Octobre 2005 – Communique de presse – Invité à linitiative de lassociation nantes-atlantique pour linformation scientifique (ANAIS pour les intimes), de la libre pensée nantaise, et de lunion rationaliste, pour évoquer les intrusions spiritualistes dans les sciences, Guillaume Lecointre, venu ce mardi 11 octobre à la rencontre des nantaises et des nantais à loccasion de la semaine de la science, a rencontré un réel succès.
Son parcours de vulgarisateur de la science et de démystificateur des passagers clandestins quelle véhicule quelquefois à son insu lemmenait tout dabord en fin daprès-midi à la FNAC. Devant un forum bien rempli, et commentant ses différents ouvrages, il se faisait tour à tour le professeur et chercheur du muséum national dhistoire naturelle quil est, « professionnel de lévolution » décryptant pour un public attentif la révolution copernicienne de la nouvelle classification phylogénétique du vivant, le vulgarisateur infatigable de la chronique scientifique de Charlie Hebdo, et le militant déterminé du matérialisme de la science qui dénonce les intrusions spiritualistes quelle subit.
Ce dernier aspect était le thème central de la conférence suivie dun débat que prononçait en début de soirée Guillaume Lecointre, presque de retour « chez lui » devant un amphithéâtre plein du muséum, municipal cette fois, dhistoire naturelle. Ainsi ces intrusions dans les sciences étaient caractérisées autant par des tentatives demprise idéologique sur la science du siècle dernier (comme lanthropologie nazie dans lAllemagne hitlérienne ou le lyssenkisme en URSS) que par celles, actuelles, plus spécifiquement religieuses : le créationnisme des fondamentalistes protestants aux Etats-Unis (mais aussi en Europe), les promoteurs de l« intelligent design », luniversité interdisciplinaire de Paris UIP , la fondation Templeton, etc.
En bon spécialiste de la systématique, Guillaume Lecointre commençait ainsi, pour bien monter ce quelle nest pas, par définir la science pour ce quelle est : une démarche réaliste (lunivers existe, indépendamment de lobservateur), rationnelle (en mobilisant des opérateurs logiques universels) et matérialiste (se préoccupant dentités matérielles et de leurs effets) dexplication du monde réel. Cest cette démarche qui fait de la science un facteur démancipation et d « enchantement du monde » en repoussant toujours plus avant les limites des connaissances.
Ce nest ainsi pas la science qui est responsable de son détournement pour des objectifs charlatanesques (à limage de produits aux qualités publicitairement « démontrées scientifiquement ») voire malfaisants (à lévocation des armes nucléaires, chimiques ou bactériologiques) mais des considérations politiques et mercantiles qui instrumentalisent létat davancement des connaissances et de la maîtrise des techniques.
De la même façon, autant la science na pas vocation à apporter de réponse à ce qui est par définition en dehors de son champ (des agents surnaturels) autant les théologiens et autres idéologues ne sont daucun secours, au contraire, à la démarche scientifique. Ainsi le théologien (ou idéologue), le citoyen et lhomme de science sont appelés à rester « chacun chez soi », même si chaque individu concret peut-être scientifique dans son labo, citoyen dans sa réunion de quartier, et faire de la métaphysique quand il est de retour à la maison.
Cest donc sans étonner les organisateurs rationalistes et libres penseurs de cette initiative, que Guillaume Lecointre se félicitait que la France puisse sappuyer sur une tradition républicaine de laïcité établissant clairement la séparation entre les religions et lEtat ; en effet, expliquait-il, cette séparation des pouvoirs constitue à la fois la garantie, pour les chercheurs et enseignants des sciences, de pouvoir faire leur travail à labri des pressions des religieux et idéologues, et, la garantie, pour les confessions et convictions, de la liberté dexercice des cultes et de leur expression. Ce plaidoyer conclusif en faveur de la laïcité institutionnelle et scolaire tissait ainsi un lien inattendu entre cette semaine de la science et le centenaire qui se rapproche de la loi du 9 décembre 1905.
Indiscrétion : une légende urbaine rapporte enfin que Guillaume Lecointre, fidèle à limage de Charlie, a terminé son parcours nantais en démontrant tardivement un solide appétit devant une choucroute bien garnie … Comme quoi la soif de connaissance doit pouvoir sappuyer sur de solides bases matérielles Décidemment le matérialisme de Guillaume Lecointre nous est bien sympathique.
compte-rendu réalisé par Michel Naud
ouvrages de Guillaume Lecointre :
Classification phylogénétique du vivant (2001)
Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences (2001)
Les matérialismes (et leurs détracteurs) (2004)
Charlie ramène sa science (2005)
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.