Lhyperactivité est à la mode. Cest une manifestation en plein développement. Elle se goûte en plat dentrée ou en dessert lorsque toutes les voies de lanalyse psychologique ont été explorées sans résultat probant sur le comportement dun individu. Dernièrement, on apprenait ainsi que la consommation de cinq à six sodas par semaine pouvait favoriser le phénomène.
La question est trop sérieuse pour être galvaudée de la sorte et il faut laisser aux spécialistes le soin dapporter les justes réponses aux maux lorsquils sont véritablement détectés. De là à conclure quun certain nombre dagissements – plus particulièrement chez les adolescents – trouve son origine comportementale à partir de cette fameuse hyperactivité ne semble pas raisonnable dans une société qui se doit daccepter des différences.
En réalité, cest là que le bat blesse pour certains courants de pensées, champions de la standardisation. Ces tyrans du comportement veulent, à tout prix, favoriser un monde lyophilisé ou chaque grain moulu se doit de ressembler en tous points au voisin. Dailleurs ce sont ceux là que vous entendez régulièrement pérorer sur les vertus du « politiquement correct ». Pour eux, il convient de consommer et de sexprimer selon des habitudes normalisées. Chacun se doit dépouser les règles, sans discrimination. Tenez, je viens de faire un faux pas en employant une expression interdite !
De manière générale, ils font lamalgame entre les règles de la démocratie – qui donnent libre cours à toutes les opinions – et lunicité en tout genre. De même ne leur dites pas quils favorisent ce quils honnissent sur le plan économique, car cest vous qui passeriez pour un affreux capitaliste. Dans le même esprit tout propos sur la religion est tabou.
Ce qui leur apparaît le plus gênant tient dans la résistance que font encore quelques minorités qui osent avoir une prise de position distincte du seul groupe social auquel on se doit dappartenir pour répondre à leurs critères. Force est de constater que la communauté est par trop composite aujourdhui et que cette mission daplanissement est difficile à mettre en uvre rapidement. Dés lors , il faut soigner de toute urgence ces pauvres malades à venir – atteints dés leur enfance – dhyperactivité. Que ny avait-on pensé plus tôt ! La solution se trouve dans la psyché. Cest là que se niche la défense aux attitudes nocives pour la civilisation de demain. Ayons recours aux cliniciens pour expliquer les raisons qui motivent dans lenseignement « la fabrique du crétin » comme le développe brillamment louvrage de Jean Paul Brighelli et les classes de nos écoles seront enfin nivelées. Pour peu que lon redessine la carte scolaire on pourra enfin noyer ces jolies têtes blondes qui auraient des velléités de pensées originales dans une même masse multicolore. Pardon, unicolore, car le seul fait de faire une différenciation de couleur peut être interprété comme un propos malveillant !
Une grande école de formation enseigne à Lausanne et dans de nombreux pays, que les nuances peuvent aussi sapprécier entre les hommes, par leffet de la couleur. Lexpérience est symbolique. Elle comporte une coupe de fruits dans laquelle se trouvent placées des oranges. Celles-ci peuvent se comparer aux différentes propositions formulées par un commercial à ses clients. Que ce soit en matière politique pour les électeurs, sentimentale pour lélu de son cur ou pour le dirigeant à légard des salariés, ce plateau dagrumes ne se distingue pas dans sa présentation dune coupelle doranges ordinaires. Cependant, il génère une vraie magie pour celui qui y promène son regard puisquil comporte une orange bleue.
Quelle que soit la volonté des conquérants du moule unique il y aura toujours des individus qui sauront se transformer en orange bleue pour leur plus grand plaisir et celui des amateurs de la diversité. Cest cette dernière qui favorise la pluralité. A contrario il y a fort à craindre que la ressemblance conduise inévitablement une société et une culture vers la monotonie et le rejet de tous nouveaux greffons.
Gérard Gorrias
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