« Maalesh » – Un asile photographique au Moyen-Orient, 1938-1946
Photographies dEtienne Sved
LInstitut Hongrois sassocie au Musée Denon et au Musée de la Photographie Nicéphore Nièpce de Chalon-sur-Saône ainsi quà lassociation Les amis dEtienne Sved pour faire découvrir Etienne Sved, photographe dorigine hongroise aux amateurs de la photographie à la capitale française. 79 tirages noir et blanc; originaux et plus récents conduiront le visiteur dans lÉgypte des années 1938-1946.
Né en Hongrie dune famille juive, Étienne Sved (né Süsz István, 1914-1996) doit quitter son pays à larrivée des nazis et se réfugie en Égypte, où il séjourne durant huit ans. De ce séjour forcé naît une entreprise: la trilogie, inachevée, réalisée en collaboration avec Étienne Drioton, Tristan Tzara et Jean Cocteau. Seuls deux ouvrages furent publiés dans la France d’après-guerre (lArt égyptien, texte dÉtienne Drioton, 1951; lÉgypte face à face, texte de Tristan Tzara, 1954).
Projet délaissé, resté à l’état de maquette, Maalesh réunit une centaine d’images (au format 18/24) jointes à des citations. Sved souhaitait devenir le passeur des mots de Cocteau: Jean Cocteau (1889-1963) avait écrit Maalesh, journal d’une tournée de théâtre après un voyage au Moyen-Orient durant lequel ont été jouées trois de ses pièces. Lécrivain traverse entre autres lEgypte, du 6 mars au 24 mai 1949.
(Extraits de la préface de Maalesh, éd. Le Bec en lAir, 2003.)
Informations pratiques :
Vernissage :
« Maalesh » – Un asile photographique au Moyen-Orient, 1938-1946
PHOTOGRAPHIES DE Étienne Sved
DATE : LE MARDI 25 OCTOBRE 2005, DE 19 HEURES A 20 HEURES. EXPOSITION OUVERTE JUSQUAU 22 NOVEMBRE 2005
LIEU : INSTITUT HONGROIS DE PARIS, 92, RUE BONAPARTE, 75006 PARIS
CONTACT PRESSE : ZSUZSA KIS, ATTACHEE DE PRESSE
TEL : 01 43 26 12 06, FAX : 01 43 26 89 92, E-MAIL : [email protected]
Institut Hongrois de Paris
Légendes des photographies disponibles pour la presse
Exposition « Maalesh » – Un asile photographique au Moyen-Orient, 1938-1946
Photographies de Étienne Sved à lInstitut Hongrois de Paris du 26 octobre au 22 novembre 2005
etiennesved1.jpg | Etienne Sved, Sans titre |
etiennesved2.jpg | Etienne Sved, Sans titre |
etiennesved3.jpg | Etienne Sved, Sans titre |
etiennesved4.jpg | Etienne Sved, Sans titre |
Mention obligatoire des photos :
Musée Nicéphore Nièpce, Chalon-sur-Saône
Cocteau et Sved – histoire dune rencontre
« Maalesh est un mot quon emploie sans cesse, à tout propos, pour dire « ça na pas importance », comprenez-vous ? »
(Jean Cocteau, in Jean Cocteau, André Fraigneau, Entretiens éditions du Rocher, 1988)
Jean Cocteau (1889-1963) écrit Maalesh, journal dune tournée de théâtre après un voyage au Moyen-Orient durant lequel ont été jouées trois de ses pièces. Lécrivain traverse notamment lÉgypte, du 6 mars au 24 mai 1949. Paru dans lannée, son texte connaît un succès mitigé, puis tombe dans loubli : louvrage na jamais été réédité depuis cette date. Il mérite aujourdhui quon le redécouvre: la vie intellectuelle et mondaine dans lÉgypte de laprès-guerre y est décrite avec lesprit -parfois féroce -et lacuité qui caractérisent Cocteau, mais on y lit surtout sa fascination immédiate pour le peuple dÉgypte. Quelques semaines auront suffi à Cocteau pour saisir lessence de lâme égyptienne, quil restitue dans ce journal de bord avec générosité et poésie.
Né en Hongrie, Étienne Sved (1914-1996) intègre en 1930 « 1Atelier », une école libre darts appliqués fondée à Budapest par des disciples du Bauhaus. Juif, il doit quitter son pays à larrivée des nazis et se réfugie en Égypte, où il séjournera durant huit ans. Journaliste pour le Progrès égyptien, il publie de nombreux dessins satiriques avant de découvrir la photographie, et sinvente graphiste avant lheure en mettant au point des procédés qui lui permettent des détourages, des superpositions ou des déformations de limage. Il parcourt le pays à dos dâne, sattarde aussi bien dans les musées et les sites funéraires que sur les rives du Nil, où il photographie ses contemporains. Il rapporte de ce long périple une impressionnante collection de photographies, quil exploite notamment dans lÉgypte face à face (1954), avec un texte original de Tristan Tzara.
/Reprise du texte du Dossier de presse de lexposition Etienne Sved: Malesh, un asile photographique au Moyen-Orient 1938-1946, Musée Denon, du 19 juin qu 19 septembre 2004/
Le Maalesh – de Cocteau et dÉtienne Sved
Les livres de photographie en France ne suscitent pas lintérêt que lon trouve, par exemple, dans les pays anglo-saxons. On leur préfère généralement les livres de photographes. La primauté du littéraire, la fascination pour lauteur, notre crainte de lanecdote et du commentaire ont fait du genre illustratif une catégorie dédaignée. Pourtant, sil est des réussites parmi la catégorie des livres de photographie illustrés, les ouvrages publiés par Étienne Sved en font évidemment partie.
Sved est redevable à lÉgypte de toute son invention et de son existence même :il y était venu caricaturiste, il en reviendra photographe et metteur en page. Il fuyait lantisémitisme, il y trouvera refuge et inspiration. Né juif, Istvan Szüsz -futur Étienne Sved, le « Suédois » -grandit dans une Hongrie soumise à la réaction. Il veut cependant croire aux ressources de lart.
En 1930, il entre à « lAtelier », lécole libre darts appliqués de Budapest, doù il retirera des qualités certaines dans les domaines du graphisme et de lillustration, et un intérêt constant pour le théâtre. Il se nourrit de lhéritage encore vivant dune avant-garde artistique qui na jamais cessé de balancer de lexpérimentation plastique à la littérature et au théâtre.
Bien que converti au protestantisme (1938), affecté par la situation politique, il nentrevoit dautre choix que lémigration. Quelques semaines après son arrivée à Alexandrie, la Hongrie se referme définitivement sur les candidats au départ. Partance et exode suscitent presque simultanément chez lui la volonté de faire de lart, la nécessité de témoigner et de dépasser le moment présent.
Ainsi, contraint, Étienne Sved échoue en Égypte. De ce séjour forcé naît une entreprise: la trilogie inachevée accomplie avec Étienne Drioton, Tristan Tzara et Jean Cocteau. Seuls deux ouvrages furent publiés dans la France daprès-guerre ; Maalesh paraît enfin. Projet délaissé, resté à létat de maquette, Maalesh réunit une centaine dimages (au format 18/24) jointes à des citations. Lambition de louvrage était délaborer un scénario unique à partir dun double voyage, où la photographie en tant que telle navait pour but que de constituer « une documentation photographique sur lÉgypte pharaonique complétée par une étude ethnologique, toujours en images, de lÉgypte moderne ».
Travaillant pour El Ahram puis la Société orientale de publication, Sved parcourt le pays à dos dâne, muni dun appareil prêté par son employeur. Amateur, autodidacte, absolument étranger à la technique, il se saisit de cette opportunité. Il sintéresse tout particulièrement aux jeux de lumière, dont il use afin de théâtraliser ses sujets. Cest alors quune rencontre décisive va déterminer la construction de lopus lÉgypte face à face. photographique dÉtienne Sved : labbé Drioton, directeur du musée du Caire lui accorde les autorisations nécessaires pour photographier à loisir les sites et les salles du musée du Caire.
Installé en France en 1946, Sved, riche de milliers de négatifs, sengage alors dans la réalisation de sa trilogie. Étienne Drioton le soutient et laccompagne dans lédition dArt égyptien, publié en 1951 Mais ce qui devait être confié à Cocteau, selon le souhait initial de Sved ne put se conclure. Suite à la parution en 1949 de Maalesh, journal dune tourné de théâtre, Sved avait pris contact avec Cocteau et lui avait proposé une illustration photographique de son texte. Malgré la réponse favorable du poète, le projet tourna court, pour diverses raisons. Cest avec la collaboration de Tristan Tzara quaboutit enfin le dernier opus, LÉgypte face à face (1954), destiné à mettre en valeur les permanences de la culture égyptienne, une culture universelle. Cependant, Sved ne se résigna jamais à abandonner Maalesh, qui avait pour mérite de livrer les expressions dune expérience quil pensait personnelle. Dans une optique encyclopédique et pédagogique, Drioton et Tzara disaient avec érudition le mystère, le rendaient lisible. Pour Cocteau, en revanche, le savoir de lÉgypte loge dans son mystère, définitivement inextricable. Conscient de cette connivence avec le regard du poète, Sved souhaitait devenir le passeur des mots de Cocteau, des fragments déternité perçus en Orient, là où « les hommes montent jusquaux dieux ». La photographie nétait pour lui quune étape, un outil supplémentaire au service de loeuvre majeure que représentait le livre. Mais si loeuvre photographique, en général, supporte assez mal la confrontation avec les grands textes, Étienne Sved fait contre-exemple.
Extraits de Quittons ces murs… Le Maalesh de Cocteau et dÉtienne Sved par François Cheval, conservateur en chef du musée Niépce, directeur des musées de Chalon, préface de Maalesh, édition Le Bec en lAir, 2003
Maalesh : le livre
Maalesh, journal dune tournée de théâtre a été publié pour la première fois en 1949. La presse de lépoque accueillit le livre timidement, et plusieurs personnalités du monde littéraire français firent à Cocteau des critiques virulentes. On lui reprochait une mauvaise connaissance de lhistoire de lÉgypte antique, sa fréquentation de pseudo-archéologues qui confondaient science et ésotérisme, des propos définitifs sur une société quil connaissait mal, une tendance à préférer les cocktails de la bourgeoisie cairote aux immersions dans les ruelles populaires. En Égypte, le livre fut interdit dès sa parution: les autorités fustigèrent la description de la misère, qui donnait une mauvaise image du pays.
Étienne Sved nétait pas de cet avis, lui qui avait trouvé refuge en Égypte pour fuir les barbaries du XXe siècle. Il écrira quen lisant Maalesh, il avait été « frappé par lacuité prémonitoire du regard de Jean Cocteau, par lampleur de la vision intemporelle quil [avait] de ce pays » .
Dès 1950, Sved propose à Cocteau une illustration photographique de son texte. Lorsquil reçut la maquette du projet, ce dernier se montra très enthousiaste et lencouragea à une publication. Mais le livre ainsi créé nentrait dans aucune catégorie et fut refusé par plusieurs éditeurs parisiens. Ni documentaire, ni album nilotique, il consacrait pourtant un genre inédit, pure invention dÉtienne Sved, quon pourrait qualifier de « roman-photo poétique » .
Yvette Sved, précieuse gardienne de la mémoire de son époux, avait heureusement pris soin de conserver la maquette visée par Cocteau, où Sved avait patiemment collé ses tirages photographiques en regard du texte. La version éditée aujourdhui sinspire étroitement de ce document de travail. Elle a été adaptée aux exigences graphiques contemporaines: les caractères. typographiques ont été modifiés et la mise en page aérée. Néanmoins, elle reste fidèle à lesprit du livre conçu par Sved, et la maquette originale, réalisée en 1950, figure en fin douvrage, à échelle réduite. On y trouve également le texte intégral se rapportant au séjour égyptien de Cocteau.
Les partenaires du projet
Créée depuis mai 2002, lassociation Les amis dÉtienne Sved a pour objet la conservation, la promotion et la diffusion de loeuvre de cet artiste. Connu dans la région provençale pour son livre illustré Provence des campaniles (1969), Étienne Sved était pourtant bien plus quun photographe. Graphiste, illustrateur, éditeur mais surtout infatigable explorateur de la matière photographique, il laisse derrière lui une oeuvre composite et singulière.
Le musée de la photographie Nicéphore Niépce, à Chalon-sur-Saône, a récemment acquis la collection moyen-orientale dÉtienne Sved, notamment lensemble des photographies réalisées en Égypte, soit plus de 3000 négatifs et de nombreux vintages (tirages dépoque). Ces documents, conservés dans la cave dÉtienne Sved, ont ainsi été sauvés de la dégradation, grâce à lintervention des proches du photographe et de lassociation, qui ont sollicité le musée Niépce pour sauvegarder ce patrimoine.
Cette collaboration a donné lieu à plusieurs projets communs, avec le soutien de la Ville de Manosque: en 2003, une exposition rétrospective de loeuvre de Sved (Étienne Sved, photographiste) accompagnée de la coédition dun livre inédit, Maalesh, par les éditions Le Bec en lAir et le musée Niépce ; lexposition Maalesh en 2004 au Musée Denon de Chalon-sur-Saône, en hommage à cette chronique égyptienne, inspirée et méconnue et, enfin en automne 2005 lexposition Malesh de lInstitut Hongrois de Paris qui permet pour la première fois au public parisien de découvrir cette série envoûtante.
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