LA VÉRITABLE NATURE DU RÉGIME DE BEN ALI – Communique de presse – Limmolation par le feu du jeune Mohamed Bouazizi a
déclenché en Tunisie une révolte sans précédent. Limmolation nest pas
un suicide, il sagit dun acte de courage destiné à montrer à la foule
le rejet absolu des pratiques dun pouvoir qui vous empêche
littéralement de vivre et cest bien la raison pour laquelle le peuple a
décidé une fois pour toutes den finir avec la dictature.
Ce document est destiné à informer le lecteur de la
véritable nature du régime mis en place par Ben Ali, un homme qui a
distribué à son entourage immédiat les ressources du pays et qui joue le
rôle darbitre entre les différents détenteurs des richesses, retirant
aux uns et donnant aux autres dans une valse des allégeances qui la
complètement éloigné des réalités de la Tunisie.
Cette logique du pouvoir a entraîné une si grave
déliquescence des valeurs que la société dérive rapidement et sûrement
vers la décadence ou alors lintégrisme religieux, considéré comme le
dernier refuge de la dignité.
Outre les mouvements de foule spontanés comme les
révoltes de Redeyef en 2009 et de Sidi Bouzid qui se sont étendues à
toute la république et où les slogans scandés par la foule sont dirigés
contre la corruption de la famille de Ben Ali, une multitude décrits et
darticles ont condamné depuis 1988 les dérives du régime, quelles
soient politiques ou financières.
Concernant les dérives politiques, il suffit de lire la
déclaration du 7 novembre 1987 pour être convaincu de labsence totale
de volonté politique et cette absence est confirmée par le fait que Ben
Ali accepte et couvre les pratiques mafieuses de son entourage immédiat,
et ce, au vu et au su de tout le monde et avec la complicité de
plusieurs membres de tous les corps de lÉtat.
Le dossier que nous présentons cible les opérations
réalisées par lentourage immédiat de Ben Ali. La liste nest évidemment
pas complète car quelques proches du pouvoir opèrent par
lintermédiaire de prête-noms et le suivi des opérations devient plus
difficile.
Bien que lensemble des secteurs de léconomie du pays
ait été touché par la rapacité des proches de Ben Ali, ce sont évidement
les gros marchés et les meilleures entreprises du pays qui ont été
visées en premier. Ainsi, les privatisations ont toutes été opérées dans
lillégalité totale et en contradiction flagrante avec la loi et les
règlements.
La première grande victime de ces opérations est lÉtat
tunisien, un État qui a été complètement vidé de sa substance par Ben
Ali et son entourage, et ce, pour sassurer de sa main-mise sur le pays
en éliminant toute voix discordante et en allant jusquà créer de toutes
pièces une opposition fantoche.
Le Comité de Salut Public
Concernant les « affaires » qui sont devenues la
principale activité de Ben Ali et de son entourage, nous vous présentons
ci-dessous une première liste des richesses accumulées par Ben Ali et
ses proches, et ce, avec une arrogance qui nous éclaire sur la mentalité
de ces individus qui nont aucune conscience politique, qui sont
convaincus que la Tunisie leur appartient et qui se substituent à
lÉtat.
Comme nous le verrons ci-dessous, le poids de Ben Ali et
de ses proches dans léconomie du pays est de plus en plus important,
ce qui fait que le jeu économique en est lourdement affecté.
Le vérouillage de léconomie empêche tout investissement
et toute évolution dans les secteurs clés, ce qui entraîne un
nivellement de léconomie par le bas. En clair, la gestion opaque de
léconomie et la phagocytation des instruments économiques entraînent le
pays vers un désastre sans précédent dans lhistoire de la Tunisie,
surtout que la dénonciation de cet état de fait est impossible à cause
du verrouillage total de linformation et du blocage – organisé par
Abdelwahab Abdallah – de toute émergence dune société civile.
Cette dynamique concourt très rapidement à la désintégration de la société tunisienne et à lémergence des extrêmes.
LE SECTEUR BANCAIRE
Le clan Ben Ali a commencé son enrichissement par
lentremise des crédits sans garanties accordés par les banques
nationales de développement. Ces pratiques, poussées à lextrême, ont
mis à mal ces institutions. Alors, pour avoir les coudées franches, le
clan a décidé de sapproprier des institutions financières.
LA PRISE DE CONTRÔLE DE LA BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE.
La prise de contrôle de la BIAT a été opérée dune façon
complètement opaque par une famille proche du pouvoir. Les frères
Mabrouk ont opéré une prise de contrôle musclée de ladite banque, lun
des fleurons du secteur bancaire tunisien. La famille Mabrouk, qui était
déjà fortunée sous lancien régime, et même avant lIndépendance, sest
toujours assuré des liens privilégiés avec le pouvoir en place. Elle
possède aujourdhui un empire commercial et financier qui a été bâti,
depuis lunion avec les Ben Ali, sur des passe-droits et des coups de
pouce « venus den haut ».
LA PRISE DE CONTRÔLE DE LA BANQUE DE TUNISIE
La Banque de Tunisie, lune des plus anciennes
institutions bancaires du pays, connue pour son professionnalisme et son
excellente gestion, est tombée dans lescarcelle de Monsieur Belhassen
Trabelsi, frère de Mme Ben Ali. La prise de contrôle de la banque a été
faite dune façon qui sapparente à un véritable hold-up. Plusieurs
grands actionnaires ont été mis devant le fait accompli et la direction
de la banque a été accordée à Mme Abdallah, femme de Abdelwahab
Abdallah, qui, avec Abdelaziz Ben Dhia, est lun des deux piliers du
régime, et qui est, comme nous le verrons plus loin, lhomme qui a
bloqué toute émergence dune société civile en Tunisie.
DEUX NOUVELLES BANQUES
Alors que la Banque Mondiale et le FMI dénoncent dans
leurs rapports envoyés aux autorités tunisiennes le « surbanking » du
pays (trop de banques par rapport aux besoins de léconomie) et évoquent
la nécessité dopérer des concentrations et des fusions des
institutions bancaires, le gouvernement, par lintermédiaire du
gouverneur de la banque centrale, délivre deux licences de banque à deux
gendres du président, la Banque Zitouna pour M. Matri et la MEDIOBANCA
pour M. Slim Zarrouk.
la privatisation de la banque du sud
Il ne sagit pas ici de la prise de contrôle dune
banque, mais dun délit dinitié qui a privé lEtat dun revenu
considérable au profit de la famille. Il faut rappeler que la vente de
la Banque du Sud au groupe hispano-marocain ATTIJARI BANK sest faite à
travers un délit dinitié coopté par lÉtat : Sakhr el Matri, gendre de
Ben Ali a acheté à bas prix une part des actions de la Banque du Sud et
les a revendues, avec une grosse plus value, au moment de lOPA lancée
par le groupe hispano-marocain.
Commision de contrôle des transferts a la banque centrale
Dénormes abus ont été constatés en matière de transfert
dargent à létranger, des mouvements de fond de plusieurs centaines de
milliards sont effectués en totale contradiction avec la loi tunisienne
des transferts de devise.
Une commission denquête doit être organisée pour arrêter ce fléau de fuite de devises dont bénéficient Ben Ali et ses proches.
LEffacement des dettes, un privilège du prince
Comme nous allons le voir dans cet exemple, le pouvoir
utilise les institutions bancaires nationales pour des raisons purement
familiales. Cest ainsi quaprès le refus des parents Mhenni de voir
leur fille épouser un membre de sa famille, Ben Ali, pour les « forcer »
à accepter ce mariage, a annulé toutes les dettes de M. Raouf Mhenni,
qui a aussitôt admis lalliance !
Le secteur des transports
la société ennakl :
Volkswagen – audi – porsche – seat – KIA
La société nationale Ennakl a été quasiment offerte au
gendre de Ben Ali, Sakhr el Matri, qui sans aucun apport personnel, par
lintermédiaire de crédits accordés (sans aucune garantie) par la BNA,
sest retrouvé à la tête de cette entreprise. Aux dernières nouvelles,
le chèque de 17 millions de dinars déposé par Sakhr el Matri en garantie
au ministère des Finances naurait pas été versé à ce jour.
Il faut également mentionner le fait que selon les
experts, la valeur réelle de lentreprise serait au minimum de 300%
supérieure à la valeur de la transaction.
Dès la prise de contrôle de cette société par M. Matri,
les licences dimportation de véhicules, qui étaient accordées au
compte-gouttes selon les besoins du pays, ont été données à tour de bras
et on en est même arrivés à importer des Porsche qui coûtent un peu
moins de 500 mille dinars ! Ce qui constitue une absurdité absolue dans
un pays comme la Tunisie.
Concernant KIA, des industriels coréens sont venus pour
monter en Tunisie une industrie de fabrication de pièces détachées, et
encore une fois, cest un proche de Ben Ali, Sakhr el Matri, qui sest
approprié la licence dimportation et de distribution des véhicules.
LA SOCIÉTÉ LE MOTEUR
mercedes – fiat…
La Société LE MOTEUR, lun des fleurons de lÉtat,
propriétaire des « cartes » MERCEDES et FIAT, entre autres, a été
privatisée dans des conditions très obscures au bénéfice de Cyrine Ben
Ali et de son époux Marouane Mabrouk.
La décision de privatisation a été suivie par la mise à
lécart du Secrétaire dÉtat a la privatisation à cause du fait quil
ait défendu un prix de cession beaucoup plus élevé.
Peugeot
En décembre 2008, la fille cadette de Ben Ali a été
promise à un jeune garçon de la famille Ben Gaied. Le jeune homme a
alors été immédiatement coopté comme P.D.-G. de la Société STAFIM
PEUGEOT, dont les actions ont été achetées au rabais, sinon au nominal,
auprès de la BIAT, banque du groupe Mabrouk, allié à Ben Ali.
FORD – range rover – jaguar – hyunday – man
La privatisation à très bas prix de la société étatique
qui détenait la licence Ford a été réalisée par Belhassen Trabelsi,
frère de Mme Ben Ali, et son ami Hamadi Touil.
Ils ont réussi à imposer à tout le secteur public lachat de leurs véhicules.
Plusieurs « cartes » de marques leurs sont attribuées,
comme Range Rover, Jaguar et Hyundai, sans compter lassemblage des
véhicules MAN.
Les seules taxes qui baissent sont celles des voitures !
Le marché automobile étant trusté par les familles proches de Ben Ali, les seules taxes qui baissent sont celles des voitures.
Ces baisses des taxes ne concernent pas seulement les
voitures populaires, mais aussi des voitures de luxe dont le montant
dépasse parfois le prix dune usine.
TUNISAIR
La compagnie Tunisair, fleuron historique de laérien
tunisien, a subi sous lère Ben Ali un harcèlement sans précédent de la
part de la famille.
La Présidence de la République, comme si elle navait
pas dautres chats à fouetter, sest immiscée dans toutes les décisions
de la Compagnie, et ce, de la désignation des hôtesses à lachat
davions, principalement depuis larrivée à la tête de la Compagnie du
tristement célèbre Rafaa Dekhil qui sest donné corps et âme à la
famille.
Parmi les scandales, deux sont dune dimension
légendaire. Lun concerne lachat par la compagnie, pour le compte de la
Présidence, dun Boeing 737/600 comportant salons, chambres à coucher,
bureaux (on se demande pourquoi).
Nonobstant le fait que ces achats pèsent très lourd sur
les comptes de la compagnie, on se demande pourquoi Ben Ali a besoin
dun luxe pareil alors que, depuis lIndépendance, un simple
réaménagement des avions existants était suffisant pour les voyages
officiels.
Si M. Ben Ali avait développé une diplomatie active, cet
achat surdimensionné par rapport à la taille du pays aurait pu à la
limite se justifier, mais la politique internationale de la Tunisie
sest complètement désintégrée durant le règne de Ben Ali qui nest plus
reçu que par des dictateurs ou, au meilleur des cas, des présidents
honorifiques.
Or, cet avion gouvernemental sert surtout pour les
voyages privés de la famille qui part régulièrement calmer son avidité
au Boulevard St Honoré et va frimer aux frais de lÉtat à St Tropez ou
ailleurs.
Comme si cela ne suffisait pas, voici que Ben Ali décide
de faire acheter par Tunisair un nouvel avion, un A340 qui coûte, au
prix catalogue dAirbus, 280 millions deuros ; auxquels il faut ajouter
les frais de réaménagement qui font que cet avion coûtera, à sa
livraison, à peu prés 600 milliards. De quoi relancer le développement
de plusieurs régions du pays et donner du travail à des dizaines de
milliers de chômeurs.
Pour comparaison, lachat par le gouvernement français
dun A320 usagé a provoqué un tollé général en France. Or, lavion de
M. Ben Ali coûtera le prix de 8 (huit) A320, et ce, pour un pays dont le
PIB est des centaines de fois inférieur à celui de la France.
Il faut également ajouter quà la suite de cet achat
noyé dans une grosse commande de Tunisair, messieurs Sakhr el Matri et
Belhassen Trabelsi ont acheté deux avions privés.
carthago airlines & nouvelair
Concernant les licences accordées aux compagnies aériennes :
Licence accordée à Slim Chiboub et Aziz Miled pour Nouvelair.
Licence accordée à Belhassen Trabelsi pour
Carthago-airlines et fusion de Carthago et de Nouvelair après la
disgrâce de Slim Chiboub.
LA GESTION DES SERVICES DE LAEROPORT DE TUNIS
La concession du premier opérateur privé pour la gestion
de la logistique des services de lOPAT a été accordée dans une opacité
totale à la société MAS. Encore une fois, cest un gendre de Ben Ali,
M. Slim Zarrouk, qui en est le bénéficiaire. Dans quelles conditions
financières et pourquoi lui ?
Appel doffreS pour la privatisation des free-shops
La société qui a été retenue pour lattribution de la
licence des Free-Shops est la Sté Weitnauer qui était chapeautée par
Sofiene Ben Ali et Abderahmane Tlili. Ce dernier a ensuite été mis
hors-circuit.
La Compagnie Tunisienne de Navigation
La CTN, compagnie de navigation historique, qui a joué
depuis lIndépendance un rôle exceptionnel dans léconomie du pays, est
aussi visée par les proches de Ben Ali, surtout depuis que le jeune
Sakhr el Matri a ouvert son village pour croisiéristes.
Avant la privatisation prévue de la CTN, la compagnie a
reçu lordre de commander à coup de centaines de milliards de nouveaux
navires qui ne seront livrés quune fois la CTN privatisée, et ce, pour
le bénéfice des futurs preneurs qui sont déjà choisis par le pouvoir.
Imed trabelsi et la CTN
Imed Trabelsi, connu pour ses frasques dont le vol et
recel de yachts et une multitude dopérations douteuses, a également
créé à lui tout seul une nouvelle ligne pour la CTN reliant Sfax à
Tripoli. Il a laissé une ardoise de plusieurs centaines de milliers de
dinars à la CTN.
téléphonie
tunisiana
LÉtat tunisien se fait voler des centaines de millions de dinars par les « Premières Dames » de Tunisie et de Palestine.
Pourquoi la deuxième concession de téléphonie mobile
a-t-elle été accordée à El Sawiress, un ami de Mme Arafat ? Parce que
Mme Arafat a demandé à son amie, Mme Ben Ali dintercéder en sa faveur
contre une somme faramineuse.
Encore une fois, dans cette affaire, cest lÉtat tunisien qui sest fait voler une somme dà peu près 400 millions de dinars.
Louverture des offres pour la licence de téléphonie
mobile a révélé que VIVENDI était le mieux placé pour lemporter. Mais
pour leur propre intérêt, les proches de M. Ben Ali ont averti ORASCOM
pour quil fasse une contre-offre supérieure à celle de VIVENDI.
Six mois après avoir obtenu la licence, ORASCOM navait
toujours pas réglé le gouvernement tunisien. Après plusieurs menaces du
ministère des Télécoms pour annuler la transaction, les proches de Ben
Ali et à leur tête Mongi Safra ont concocté une solution miracle qui
restera dans les annales de lhistoire des détournements de biens public
de la planète : un groupe de financiers sest réuni pour accorder à
Orascom un crédit avec un pool bancaire 100% tunisien. Et la licence,
accordée à une société étrangère, a donc fini par être payée avec un
chèque en dinars tunisiens ! Ce sont donc les banques tunisiennes qui
ont offert Tunisiana à Orascom !
Cette affaire a provoqué des remous jusquà la Banque
Mondiale qui, constatant ces irrégularités flagrantes, a décidé
dannuler un crédit bancaire à long terme de 250 millions de dollars au
bénéfice de la Tunisie. Cette institution financière internationale qui
depuis lIndépendance a toujours soutenu le développement de la Tunisie,
se méfie désormais de toute opération concernant notre pays.
Laffaire TUNISIANA nest quun épisode des frasques des
deux « Premières Dames » qui ont également défrayé la chronique par la
création de lISC.
LAFFAIRE WATANIA-QTEL / SAKHR EL MATRI
La téléphonie mobile étant une activité délicate pour la
sécurité du pays, la Tunisie na pas manqué, comme cela se fait partout
ailleurs, de conditionner la vente de parts des entreprises de
téléphonie à approbation préalable.
Watania-Qtel, propriétaire de 50% de Tunisiana, a décidé
dacquérir les 50% restants. Or, pour obtenir laval du gouvernement
tunisien, Watania Qtel a« offert »à Skhar el Matri 25 % de laffaire en
contrepartie de laval du gouvernement et de la promesse dobtention
dune licence 3G.
Tout le montage financier dont on parle dans les médias
tunisiens est pur mensonge, nous publierons ultérieurement les documents
prouvant la malversation.
ORANGE
Les opérations se suivent et se ressemblent, la licence
du troisième opérateur téléphonique a été accordée à la fille du
président, Cyrine Ben Ali, qui est également, à travers Planet Tunisie,
le principal fournisseur daccès Internet du pays.
ORANGE, suite :
Le contrat signé entre ORANGE et lÉtat tunisien prévoyait une clause de non concurrence dune année concernant la licence 3G.
Ce contrat stipulait que si la licence 3G était accordée
dans lannée à un autre opérateur, lÉtat se verrait obligé de
rembourser 70 millions de dinars du montant de la licence.
Il est étonnant que lÉtat nait pas su attendre une
année avant daccorder à un autre opérateur une licence 3G. La Tunisie a
ainsi perdu 70 millions de dinars.
MEDIAS
La famille Ben Ali est aujourdhui à la tête dun empire
médiatique sans précédent dans lhistoire. Cet empire couvre tous les
secteurs médiatiques, de la presse écrite à la télévision.
RADIO MOSAIQUE FM
Il était clair que les médias aussi allaient subir la
razzia de la famille de Ben Ali. Non seulement pour des raisons
économiques, mais aussi pour des raisons dinfluence politique. En
effet, dans leur folie des grandeurs, les proches de Ben Ali se sont
crus aptes à prendre le pouvoir, cest ainsi quils ont investi à tour
de bras dans les médias. Radio, journaux, agences de publicité. Nous
nous en tiendrons ici aux grands médias.
Cest ainsi que la licence de la première radio privée a
été accordée à un groupe dhommes daffaires dont Belhassen Trabelsi,
majoritaire, est comme par hasard le frère de Mme Ben Ali.
Pour couper court aux rumeurs, la licence a été accordée au nom de M. Boutar, prête-nom et P.D.-G. de ladite radio.
CHAMS FM
Autre radio privée, mais même système : la licence de
CHAMS FM a été accordée à la fille Ben Ali épouse Mabrouk. Le prête-nom
est Fathi Bhouri, ancien directeur général de Planet Tunisie, dont elle
est également propriétaire.
ZITOUNA FM
Limagination ne fait pas partie des proches du régime :
la licence de ZITOUNA FM a été accordée à Sakhr el Matri, gendre du
président qui, à travers cette radio « islamisante », veut se faire
passer pour un « véritable musulman » et acquérir les faveurs du peuple.
JAWHARA FM
Pour ne pas être en reste, évoquons la radio FM du
Sahel. La licence a été donnée à M. Néji Mhiri, ami personnel de Ben Ali
et administrateur à la Banque Centrale de Tunisie alors quil doit
environ 600 millions de dinars aux banques tunisiennes !
EXPRESS FM
Quant à la toute nouvelle radio économique, EXPRESS FM,
elle appartient au frère de Mme Ben Ali, Belhassen Trabelsi, encore lui,
associé à M. Ben Rayana, de la société MAC, qui a présidé à lentrée en
bourse de Carthage Cement, lun des plus gros scandales du pays, nous y
reviendrons.
Toujours dans le paysage audio-visuel tunisien, évoquons :
CARTHAGE TV
Non content davoir, avec leur société de production
CACTUS, complètement phagocyté la télévision nationale avec la vente de
programmes achetés clé en main et la production de séries vendues à
lavance avec lappropriation des plages publicitaires, Belhassen
Trabelsi et Sami Fehri décident de créer leur propre chaîne de
télévision.
Il faut noter que Cactus production sest approprié, ces
dernières années, 60 % des revenus de la chaine nationale TV7. Les
directeurs de la chaîne ont ainsi contribué à leffacement de toute une
génération de producteurs en achetant au seul Cactus lécrasante
majorité des programmes.
HANNIBAL TV
Même procédé complètement illégal daccord de licence que pour les radios.
Monsieur Mohamed Nasra, époux dune proche de Mme Ben
Ali a obtenu la première licence privée de télévision. Il a dailleurs
contribué de façon exceptionnelle à labêtissement de la société
tunisienne en présentant des débats nerveux qui ne concernent jamais les
questions essentielles que tous les Tunisiens se posent.
Il faut également mentionner quHannibal TV doit au fisc
tunisien plus de 5 millions de dinars et que les ordres de laisser
faire partent directement de la Présidence de la République !
Dautre part, comme si tout ceci ne suffisait pas, le
patron dHannibal TV jouit dune immunité de fait devant les tribunaux.
Il ne paie aucun fournisseur de sa chaîne et ne verse aucun droit de
retransmission à la Fédération tunisienne de football, privant ainsi les
clubs de football dune source de revenus très importante.
groupe dar assabah
A la suite dune dispute au sein de la famille propriétaire du groupe de presse Dar Assabah, Sakhr el Matri a racheté laffaire.
Le groupe Assabah publie, entre autres titres, les journaux Assabah et Le Temps.
Le contrôle des médias en Tunisie est complété par le
système mis en place par lun des piliers du régime, M. Abdelwahab
Abdallah, qui contrôle tout le reste des médias grâce à une agence
dÉtat :
LATCE
LAgence Tunisienne de Communication Extérieure est
lorganisme mis en place par Abdelwahab Abdallah pour mettre au pas les
médias qui aspireraient à une quelconque liberté dexpression et
contrôler ainsi toute émergence dune société civile.
LATCE gère le budget publicitaire de toutes les
entreprises étatiques et lutilise pour soumettre les médias à
lautorité de M. Abdelwahab Abdallah.
Exemple : un média tunisien sexprime dune façon qui ne
plait pas au régime. Immédiatement, le service des commandes
publicitaires de lATCE est averti et retire à ce média toutes les
publicités étatiques qui lui sont dévolues. Il ne reste alors quun seul
choix au responsable du média en question : se limiter aux insertions
du secteur privé. Or, Abdelwahab Abdallah et ses sbires vont jusquà
influencer les choix publicitaires des entreprises privées en appelant
les responsables pour leur conseiller de retirer leur budget au média en
question.
Mais il ne faut pas croire que lessentiel de cet argent
va aux médias amis. Plusieurs millions deuros de lATCE (donc des
entreprises publiques) sont destinés à financer la communication
extérieure de M. Abdelwahab Abdallah en payant à tour de bras :
des médias réputés indépendants (Jeune Afrique, Arabies, Tunisie PLUS)
des responsables politiques étrangers.
des auteurs de livres qui font lapologie du régime,
comme ceux du journaliste-mercenaire Salvatore Lombardo qui présente Ben
Ali comme une grande personnalité politique internationale, porteuse
dun grand message humanitaire.
En même temps, lATCE compte, partout dans le monde, des
protégés, des agents qui, à la première alerte politique, écrivent des
articles et produisent des reportages soulignant lexcellente
gouvernance de la Tunisie. Il est utile de préciser que ce ne sont que
les médias nationaux qui reproduisent lessentiel de ces articles et
reportages, et ce, pour mieux tromper les Tunisiens en voulant leur
faire croire que les médias internationaux parlent de la « réussite de
la Tunisie de Ben Ali » alors quil ne sagit que de journalistes payés.
La communication politique de M. Abdallah sévertue
également, envers lopinion publique étrangère, à présenter Ben Ali
comme un bouclier contre lislamisme radical. A chaque crisette ou
crise, ses journalistes-agents véreux crient au loup : « Les islamistes
veulent prendre le pouvoir » ! Or la population tunisienne dans son
écrasante majorité a toujours renié lislamisme radical. Seul le
comportement indigne et irresponsable des proches du régime pousse les
Tunisiens vers lextrémisme.
Dailleurs, nous avons appris que face à la révolte
actuelle, les conseillers politiques de Ben Ali ont évoqué la nécessité
dune grande manipulation destinée à détourner la population de ses
revendications légitimes. En effet, une action terroriste islamiste
commanditée par le pouvoir serait en gestation. Cest tout ce que ces
conseillers de Ben Ali auraient trouvé pour salir cette révolte non
violente et légitime. Cette recette consistant à brandir lépouvantail
de lislamisme radical est une recette vieillotte qui ne trompe plus
personne et qui renvoie à chaque fois aux calendes grecques les réformes
nécessaires au pays.
Les manuvres de désinformation à grande échelle sont
subies par la Tunisie depuis les premières années du régime de Ben Ali.
Mais la nullité de la communication politique tunisienne a détourné
lensemble de la population vers les chaînes étrangères, Al Jazera en
premier lieu.
En fait, la politique de communication dirigée par
M. Abdallah est un véritable désastre national : lensemble de la
population ne fait plus aucune confiance aux médias nationaux qui ont
par ailleurs été durement visés par les slogans des manifestants de
lhiver 2010/2011 qui font lapologie dAl Jazeera.
Il faut aussi rajouter à lactif de M. Abdelwahab
Abdallah lune des plus stupides opérations de censure de toute la
planète. En effet, à la fin des années 90, un livre dénonçant les
dérives de Ben Ali étant paru à Paris, Monsieur Abdallah donna lordre
dacheter tous les exemplaires. Cest ainsi quil propulsa ce livre au
top des ventes, lui donnant un succès et une notoriété inespérés.
Cette leçon na même pas servi à Monsieur Abdallah, car
une autre version de la même bêtise a été renouvelée une décennie plus
tard concernant le livre « La Régente de Carthage ». La plainte déposée
sans base juridique devant le tribunal des référés à Paris par Me Samia
Maktouf, dont lhabileté sest limitée à lobtention des faveurs de
Mme Ben Ali, a donné au livre un coup de pouce publicitaire sans
précédent puisque tous les journaux en ont parlé. Autre conséquence des
limites intellectuelles de ces deux conseillers politiques de Ben Ali :
la campagne de fouilles opérée durant des mois aux aéroports tunisiens à
la suite de la publication de « La Régente de Carthage » restera dans
les annales : les douaniers et policiers avaient reçu lordre de
demander à tous les arrivants en Tunisie : « Avez-vous des livres dans
vos bagages ? ». Beaucoup ont dû croire que les livres, comme la drogue
ou les explosifs, étaient interdits en Tunisie.
Triste résultat pour lun des rares pays au monde ayant 3000 ans de civilisation.
limmobilier
Faire une liste des biens et opérations immobilières
concernant la famille élargie de Ben Ali est une opération de longue
haleine.
Nous citerons, dans le tas, la razzia opérée par
Belhassen Trabelsi sur les maisons de Sidi Bou Said et lacquisition au
dinar symbolique du village touristique construit autour du port de Sidi
Bou Said et le groupe des hôtels Carthago vendu dernièrement au libyen
Leico.
A Gammarth, Slim Chiboub et Aziz Miled ont construit une marina.
La zone « Les Côtes de Carthage » a été presque
entièrement distribuée par lAgence Foncière Touristique aux Ben Ali,
Trabelsi, Mabrouk, etc…
La plupart des opérations immobilières du pays sont aux
mains de la famille. Ben Ali leur distribue des zones entières. Il la
fait pour Montassar Maherzi (époux de la sur de Mme Ben Ali)à Gabès,
pour lui-même à la Baie des Anges au Kantaoui, il a distribué à tour de
bras des dizaines de milliers dhectares de terres agricoles à ses
proches (Utique, Zagouan etc…).
Lagence fonciere dhabitation
LAFH, agence étatique qui a garanti, durant des
décennies, aux foyers tunisiens à revenu faible ou moyen laccès à la
propriété est devenue une véritable pompe à fric au bénéfice des proches
du pouvoir qui en usent pour soudoyer tous ceux qui les soutiennent.
Cest ainsi que les proches du pouvoir mettent en danger
lun des meilleurs acquis de lhistoire sociale de la Tunisie :
laccession à la propriété.
LES TERRAINS DE LA SATPEC A GAMMARTH.
La SATPEC, organisme fondé pour la promotion du cinéma
tunisien, a été concédée à une société appartenant à Tarak Ben Ammar.
Mais là où le bât blesse, cest quavant cette opération, tous les
terrains compris dans la concession ont été retirés et vendus pour
promotion immobilière, toujours en faveur de la famille.
les TERRAINS De la steg
Suite à la privatisation de la Société Ennakl, celle-ci
sest illégalement approprié un terrain public de plusieurs hectares
rendu accessible suite à la fermeture de la centrale électrique de La
Goulette. Sur ce même terrain qui possède une berge sur les rives du
Canal de Tunis, à quelques centaines de mètres du port, M. Matri a fait
construire un village touristique comprenant un quai destiné aux bateaux
de croisières et un centre commercial de plusieurs dizaines de
boutiques, le tout bâti sur un terrain appartenant à lÉtat et concédé
au Holding PRINCESS (appartenant à hauteur de 90% à Ben Ali et 10% à
Matri) sans aucune consultation ni appel doffres.
Cette véritable razzia sur les croisières, dont
profitait auparavant lÉtat par lintermédiaire de lOPAT, touche
également lensemble des commerçants du tourisme qui voient petit à
petit les croisiéristes limiter leur visite au port touristique de
M. Matri.
Drôle de façon de promouvoir le tourisme tunisien en
limitant la visite des touristes aux berges du canal de Tunis, alors que
le parc archéologique de Carthage, lun des plus prestigieux de la
Méditerranée, est juste à côté.
les terrains de la sonede
Le même M. Matri na pas trouvé mieux pour élever un
palais des 1001 nuits que de le bâtir à Sidi Bou Said, sur un terrain
appartenant à la Compagnie tunisienne des Eaux : la SONEDE.
Comment ce terrain est-il sorti du patrimoine de la
SONEDE pour aboutir dans celui de M. et Mme Matri, les Tunisiens
aimeraient bien le savoir. Mais le vol manifeste des biens de lÉtat ne
suffit pas, car par la construction de ce palais, la famille de M. Ben
Ali, certainement frustrée par la richesse des familles royales du
Golfe, a exposé à tous les regard sa folie des grandeurs car cette
habitation de 8 000m2 construits contient – outre une mosquée et un
garage de plusieurs milliers de m2 – une chambre à coucher de 700m2,
sans compter les fauves dans le jardin. Lambassadeur des USA na pas
manqué de le préciser avec un humour moqueur dans un câble révélé par
Wikileaks.
Bref, la bêtise et lavidité sont telles que la famille
de M. Matri – une digne famille tunisienne dont un ancêtre est un héros
de lIndépendance du pays – renie les frasques du rejeton qui sest
acoquiné avec un pouvoir dont les pratiques doivent faire se retourner
dans sa tombe le grand et digne Mahmoud el Matri.
jardin public au bénéfice
de la famille
La Tunisie compte peu de lieux de loisirs mythiques. Il a
fallu raser le dernier dentre eux, une boîte de nuit qui a fait la
notoriété internationale de lambiance nocturne tunisienne. On a détruit
cet endroit pour construire un jardin public parsemé de lieux de
loisirs tout à fait privés. En effet, un club privé et un centre de
thalassothérapie gérés par Mme Ben Ali et sa sur ont été édifiés sur ce
terrain public. Linvestissement a été financé par le frère de Mme Ben
Ali, Belhassen Trabelsi, et son associé Hamadi Touil.
On se demande une nouvelle fois comment les mairies –
qui sont si souvent tatillonnes sur leurs privilèges – accordent avec
autant de passe-droits des concessions et des permis de bâtir sur leurs
propres domaines sans aucune consultation ni appel doffres.
En fait, il sagit encore du phénomène de deux poids,
deux mesures ». Les biens de la communauté sont entièrement dévolus aux
proches de Ben Ali en faveur desquels aucune loi ne sapplique, à part
celle du plus fort.
La grande distribution
Carrefour
Licence obtenue par lentremise de Slim Chiboub qui a conditionné son intervention contre une somme faramineuse.
Géant
Licence obtenue par la famille Mabrouk grâce à Mme Mabrouk, fille de Ben Ali.
Monoprix
Egalement entré dans le patrimoine des Mabrouk.
Bricorama
Affaire entièrement réalisée par M. Mahbouli puis carrément confisquée par Imed Trabelsi.
INDUSTRIE
Outre les briquetteries qui ont fait lobjet dune
concentration aux mains du discret mais néanmoins actif Slim Zarrouk,
époux de Ghazoua Ben Ali, il est utile de mentionner le plus grand
scandale de lhistoire financière de la Tunisie :
Carthage cement
En matière de détournement de biens publics, laffaire
Carthage Cement est celle où les excès les plus incroyables ont été
réalisés.
Un pool industriel international mené par des Italiens a
proposé à lÉtat tunisien lachat de la cimenterie de Tunis. Après
plusieurs mois de travail et après avoir obtenu lessentiel des
autorisations nécessaires, au moment de signer le contrat définitif avec
lÉtat tunisien, les industriels sont contactés par Belhassen Trabelsi
qui conditionne laccord de lÉtat à 20% de laffaire (80 millions de
dinars).
Choqués par ces pratiques, les industriels se retirent, laissant à Belhassen Trabelsi laffaire quils avaient montée.
Celui-ci procède alors à lappropriation de plus de
400ha de terrain (acquis au dinar symbolique) appartenant à lÉtat et en
flagrante irrégularité avec toutes les règles, fait entrer en bourse
Carthage Cement qui na aucun bilan, et ce, grâce à des banquiers
irresponsables. Pour couronner le tout, la Société Tunisienne des
Chemins de Fers se permet de financer, pour Carthage Cement, 15 kms de
voies de chemin de fer. Le ministère des Transports et lAssemblée
Nationale ny voient aucun inconvénient. Ne citons pas la Cour des
Comptes, la Commission de contrôle des opérations de bourse ni tous ces
organismes de contrôle mis en place par le régime pour mieux tromper son
monde et qui harcèlent tous les Tunisiens sauf ceux qui mettent le pays
sous leur coupe réglée.
Carthage Cement constitue certainement le plus gros
scandale de lère Ben Ali, et ce, avec la complicité active de plusieurs
hauts responsables.
DIVERSES AFFAIRES
LInternational School of Carthage.
Un terrain et une subvention dà peu près 2 millions de
dinars du ministère de lEducation nationale accordés gracieusement à
Mmes Ben Ali et Arafat pour la création dune école privée !
Alors que les écoles tunisiennes subissent un manque
flagrant de budget de fonctionnement, alors que les classes sont dans un
état de délabrement avancé, un budget national est alloué à une école
élitiste privée !
Comme si tout cela ne suffisait pas, pour obliger les
Tunisiens à inscrire leurs enfants dans son école, Mme Ben Ali a usé de
tout son pouvoir pour fermer la principale institution concurrente. Le
fondateur de cette institution, M. Bouabdeli, a été obligé de mener une
véritable campagne de presse internationale, ponctuée par la publication
dun livre, pour pouvoir recouvrer ses droits. Sans succès.
Comme la révélé Wikileaks, Mme Ben Ali sest même
frottée à lEcole américaine de Tunis en ordonnant au ministère des
Finances dannuler le régime de faveur fiscale dont bénéficiait
linstitution américaine. Il faut préciser que suite à la petitesse de
ces pratiques, le gouvernement américain a revu à la baisse ses aides
économiques à la Tunisie.
Les bananes de la république
Comme cela devait se faire dans une république devenue
bananière, limportation des bananes a été retirée à lune des plus
prestigieuses sociétés de développement tunisienne, la STIL, qui avait
lancé, au début de la Tunisie indépendante, un exceptionnel plan de
développement du Sud et qui bénéficiait de plusieurs monopoles dÉtat.
Lun de ces monopoles concernait limportation de bananes qui été
soustrait à cette société nationale de développement pour être accordé
aux membres de la famille Trabelsi, Moncef, ancien photographe de rue et
M. Jaraya, son acolyte.
Il faut préciser que les ministres du Commerce se
pressaient pour leur signer les licences dimportation et obtenir ainsi
les faveurs du pouvoir.
La sucrerie de Bizerte
Limportation du sucre était un monopole dEtat, mais
pour mieux se sucrer, M. Belhassen Trabelsi, frère de Mme Ben Ali, a
décidé de se substituer à ce monopole dEtat en créant sa propre usine à
Bizerte. Il sest même approprié une partie du port de Bizerte pour y
installer ses silos. Et ce, avec lhomme daffaires prête-nom Lotfi
Abdenadher.
LES ALCOOLS
Comme tout État en développement, les monopoles juteux
avaient été accordés, comme nous lavons vu plus haut, à des Sociétés de
Développement destinées à mettre à niveau léconomie tunisienne. Cest
ainsi que le monopole dimportation et de distribution des alcools
appartenait, lui aussi, à la STIL. Mais la liquidation de cette
entreprise particulièrement juteuse ne sest pas fait attendre et les
Trabelsi ont immédiatement mis la main sur ses divers monopoles et même
sur le marché noir de lalcool, dont la distribution passe
obligatoirement par Imed Trabelsi.
Et cest ainsi que luvre de développement de la
Tunisie a été abandonnée au profit de quelques personnes sans envergure,
pour leur seul profit.
Des régions entières sont ainsi tombées en désuétude,
complètement abandonnées par un État devenu soucieux du seul
enrichissement de Ben Ali et de ses proches qui à leur tour récompensent
les agents véreux de lÉtat en leur accordant des postes en haut lieu.
Lexplication de la déchéance de tout un pays apparaît alors dans toute
sa simple vérité.
Les trabelsi et Les Ben ali se substituent à la douane
Une multitude de sociétés officient depuis des années au
vu et au su de tout le monde pour permettre à certains commerçants
tunisiens dimporter des produits sans droits de douane avec un prix
fixe au mètre cube importé.
Les conteneurs passent la douane sans aucun contrôle.
Cette pratique avait créé un scandale en décembre 2006 à la suite dune
attaque intégriste à Soliman. Tout le monde se demandait si les
intégristes navaient pas fait entrer les armes dans ces conteneurs non
contrôlés.
Cette pratique dimportation sauvage contribue à
appauvrir tout le tissu industriel tunisien, alimente le marché
parallèle de produits et dobjets volés et provoque la faillite des
honnêtes commerçants.
Les principaux bénéficiaires de ce trafic sont Jalila
Trabelsi, sur de Madame Ben Ali, et Hayet et Kaies Ben Ali, sur et
neveu du président et dautres membres de la famille que nous citerons
la prochaine fois.
Imed trabelsi kidnappeur
Un homme daffaires tunisien opérant en Libye ayant été
approché par Imed Trabelsi à propos dun gros contrat avec la Libye a
refusé de partager laffaire avec lui. Imed a promis quil se vengerait
et cest ainsi que quelques jours plus tard, le petit-fils de lhomme
daffaires a été enlevé.
Laffaire – grandement médiatisée – a pris des
proportion nationales, mais lintervention de Mme Ben Ali a sauvé son
neveu du scandale.
lE THON TUNISIEN, MONOPOLE DE M. MOURAD TRABELSI, FRERE DE MME BEN ALI
Lexportation du thon est depuis quelques années devenue
monopole personnel de Mourad Trabelsi qui est également le seul
individu autorisé en Tunisie à en faire lélevage et à lexporter.
Pêche au Lac de Tunis
Le même Mourad Trabelsi a obtenu, par lintermédiaire
dun Italien prête-nom, le monopole de la pêche au Lac de Tunis. Son
unique contrepartie : nettoyer les algues du Lac.
Quel est le prix de la concession ; comment a-t-elle été
accordée ? Mourad Trabelsi paye-t-il des impôts en contrepartie de ces
énormes privilèges ?
La friperie
Même système, mêmes bénéficiaires. La friperie na pas échappé aux proches de Ben Ali, dont elle est devenue une chasse gardée !
Conclusion
Cette énumération est rébarbative tellement le manque
dimagination des proches de Ben Ali est éprouvant en matière de
détournement de biens publics et autres enrichissements illégaux.
Nous préparons un second dossier où nous poursuivrons
lénumération de ces scandales qui ne doivent jamais être oubliés pour
que ces gens qui ont mis le pays à genoux puissent payer un jour tous
leurs méfaits.
Nous tenons également à avertir les Tunisiens des
arnaques qui sont déjà en cours de préparation, tel le déclassement du
terrain de l IHEC à Carthage. En effet, les proches du Président
considèrent que ce terrain, merveilleusement placé sur le versant de
lhistorique Carthage, conviendrait bien mieux à la construction de
dizaines de villas pour leur compte. La même logique a été adoptée pour
le stade Zouiten, situé sur les hauteurs du Belvédère et de
Mutuelleville. La même logique a été adoptée pour le versant sud de la
colline de Gammarth où les constructions vont très bientôt être entamées
par un certain Imed, clone de son homonyme trabelsien et prête-nom de
certains membres de la famille et qui a déjà loti un terrain
archéologique entre Carthage et La Marsa, terrain déclassé par un ancien
dirigeant de lInstitut du Patrimoine et par des complicités au sein du
ministère de la Culture, nous y reviendrons aussi.
Nous parlerons également du neveu de Ben Ali, Monsieur
Mehdi Mlika, et de sa politique dembellissement de lenvironnement qui
sest soldée par la simple exécution dune « Avenue de lenvironnement »
dans chaque ville de Tunisie. Lembellissement de ces artères, qui a
consisté en quelques bacs à fleurs et terre-pleins gazonnés et quelques
horreurs artistiques, a coûté des fortunes dont les principaux
bénéficiaires sont Mehdi Mlika et Ben Ali, par lintermédiaire
dentrepreneurs véreux qui nont ramassé que des miettes. Bref ce sont
les budgets des municipalités et du ministère de lEnvironnement qui en
ont pâti.
Nous évoquerons aussi le hold-up réalisé au profit de
Sakhr el Matri et du fils de Ben Ali par lachat au nominal des actions
du groupe Nestlé détenues par la Banque Nationale Agricole depuis une
cinquantaine dannées. Nestlé International a violemment réagi devant
ces pratiques dignes des pires républiques bananières.
Nous évoquerons aussi lacharnement avec lequel la
famille de Ben Ali se réserve tous les marchés publics du pays,
contribuant ainsi à appauvrir lÉtat en imposant des prix qui nont rien
à voir avec la réalité des offres.
Nous parlerons du monopole accordé à Moncef Trabelsi
dans le transport des produits pétroliers dans tout le pays, nous
évoquerons les malversations ayant eu lieu autour des projets
immobiliers géants de Sama Dubai et de Boukhater et qui ont engrangé de
telles commissions quils ont fini par couler malgré des terrains acquis
parfois au dinar symbolique et alors que nos propres entrepreneurs sont
écartés de ces projets juteux.
Sans oublier la résidence de St Tropez, acquise par Ben
Ali et sa femme sous la médiation de Sakhr el Matri et François
Benaceur.
Nous névoquerons pas la saga Imed Trabelsi/Faouzi
Mahbouli concernant Bricorama car elle est étalée en large et en travers
sur Internet.
Par contre, nous reviendrons sur laffaire de laéroport
des pèlerins, construit sans appel doffres ni consultation et ayant
coûté 10 fois son prix.
Nous parlerons aussi de laéroport international
dEnfida et de la concession remportée par la Société turque TAV. Cette
société, représentée par Belhassen Trabelsi et Youssef Zarrouk, nétait
pas en mesure de payer la concession. Belhassen Trabelsi leur a
concocté, avec lintervention de Ben Ali, un concours bancaire en dinars
tunisiens alors que le paiement était prévu en dollars. Comment ce
crédit sera remboursé alors que laéroport reste désespérément désert ?
Nous dévoilerons également dans le prochain dossier
dautres détournements de milliards de dinars à lOACA, à la Poste, à
Tunisie Télécom, au groupe chimique, au ministère de lEnvironnement,
etc.
Nous appelons les responsables honnêtes, sil en
demeure, de réagir le plus vite possible en désignant une commission
denquête indépendante qui devra faire la lumière sur toutes ces
affaires.
Nous appelons également tous les responsables politiques
à saisir la gravité de la situation et à sentendre pour déposer Ben
Ali et procéder à larrestation de toute la clique qui a procédé à un
véritable dépècement du pays.
Il faut avoir présent à lesprit que ces personnes sans
scrupules sont prêtes à mettre le pays à feu et à sang pour glaner
encore quelques mois au pouvoir, de quoi leur permettre de finaliser
leurs opérations en cours.
Il faut que les consciences séveillent, que les
responsables politiques et ceux de la sécurité du pays, militaires
compris, cessent de faire allégeance à des individus sans foi ni loi qui
utilisent le prestige du pouvoir pour faire ce que bon leur semble sans
aucun sens des responsabilités ni même de la mesure.
Tous les responsables savent que tout ce qui est écrit
ici est vrai et nous tenons à les avertir que sils continuent à faire
la sourde oreille, ils se mettrons dans la position définitive de
complices de la mise à sac du pays.
Nous appelons également les responsables de la sécurité
du pays de refuser de sengager dans des complots qui visent à faire
changer lopinion des Tunisiens et à les garder sous un régime qui ne
peut aboutir quà la désintégration du pays.
Nous remercions de tout cur tous ceux qui nous ont
permis de réaliser ce dossier, ils ne lont fait sans aucun calcul,
simplement par nationalisme, pour défendre ce pays qui ne mérite pas ses
dirigeants actuels.
Nous tenons encore une fois à évoquer ceux qui se
sacrifient pour que la Tunisie ne soit plus jamais à la solde de tristes
individus. Tous ceux qui défilent, se battent, parlent et écrivent sont
le fer de lance de notre pays car ils le font tout en sachant quils se
battent contre lune des pires dictatures de notre temps.
Nous appellons tous les Tunisiens à continuer à manifester pacifiquement leur ras le bol, à ne pas toucher aux biens communs.
Nous appelons enfin une nouvelle fois les responsables à
se comporter avec force et honneur et à réagir à la mise à sac du pays
en déposant Ben Ali, le premier responsable de cette situation.
Nous proposons comme alternative politique lélévation
du premier ministre actuel, M. Mohamed Ghanouchi, au poste de Président
de la République pour une période dune année pendant laquelle aura lieu
la consolidation de la société civile née des événements actuels et
lorganisation dun tribunal spécial.
Nous appelons la convocation dune Assemblée Nationale
Constituante pour un changement constitutionnel relatif au rôle et au
mandat du chef de lÉtat dans le sens de leur réduction pour que plus
jamais aucun individu ne confisque aux Tunisiens leur pays.
Plus dun demi-siècle de dictature et de culte de la
personnalité suffisent. Nous proposons que chaque futur dirigeant de la
Tunisie nait la possibilité de gouverner que durant un unique et court
mandat, pour laisser à la société civile tunisienne, qui durant ces
dernières semaines a merveilleusement résisté au terrible système de Ben
Ali, la possibilité démerger définitivement.
Au nom de tous les Tunisiens dignes.
F.L.B.L.Q.A.Y.
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