Après plusieurs tentatives infructueuses, le président de notre communauté dagglomération proposera le 25 juillet au conseil communautaire de valider lenveloppe de lestimation financière et la poursuite du projet.
Au-delà des polémiques, jai voulu en toute objectivité et uniquement avec les données connues, faire le point sur ce dossier.
Celui-ci est manifestement nécessaire aux agathois, mais il est indispensable de bien définir les attentes et les besoins ainsi que les conséquences sur notre avenir en termes dendettement et de charges de fonctionnement sur les finances publiques.
Réflexions sur le Centre Aquatique Communautaire.
Quels sont les besoins ? :
Il est indiscutable quau regard de la disparition de la piscine de plein air du Môle et de la vétusté de la piscine « Tournesol » actuelle, un équipement aquatique composé de deux bassins est nécessaire sur la commune dAgde.
Indépendamment, il en est de même pour les populations de la communauté dagglomération.
Si tant est que lon souhaite regrouper en un seul lieu ce centre aquatique à destination de toute la population de la communauté dagglomération, il devra savérer compatible avec une localisation géographique centrale minimisant les déplacements et les capacités daccueil pour 60 000 habitants.
Le triplement de la population en période estivale par lapport de clientèle touristique dans la communauté dagglomération au premier chef, mais de manière plus accentuée encore sur la commune dAgde est une spécificité locale à appréhender avec attention.
Le lieu dimplantation à quelques encablures dun des plus grands centres de loisirs aquatique européen est également à considérer.
Dans ce contexte local, le prix dentrée de 3 pour une piscine municipale à comparer avec les 23 dentrée à Aqualand, risque de détourner les moins fortunés de notre clientèle touristique vers le centre aquatique communautaire, en accentuant la sur fréquentation par la demande de tous ceux qui pourraient alors le considérer comme un « Aqualand du Pauvre ».
Quel est le projet ? :
Un ensemble aquatique dune hauteur imposante de 18 mètres, situé au cur de la ceinture verte du site des Champs Blancs au Cap dAgde. Il serait dénommé « Sous les Ailes du Levant » et proposerait sous une apparence architecturale originale un bassin classique de 25 mètres de long mitoyen dune aire plus ludique,
Des effets de contre courants et de jets massant jouxteront un espace de balnéaire axé sur les jeux aquatiques et la relaxation.
Cet ouvrage est proposé par larchitecte Toulousain Luc Denolombe.
Lédifice a lallure dun insecte assez gracieux.
À la demande, les ailes du bâtiment souvrent autour de laxe central comme les élytres dun coléoptère pour laisser pénétrer soleil et lumière.
Vu du sol lensemble perd un peu de sa légèreté ressemblant à la carapace dun scarabée géant dont lesthétisme nest quaffaire de goût, et dont les détracteurs seront aussi nombreux que les partisans.
Les vues intérieures, daprès les montages virtuels présentés sont éclairées dune couverture constituée de coussins translucides reposant sur une ossature en bois.
Cette « cathédrale nautique » offre des volumes couverts particulièrement imposants qui peuvent apparaître comme démesurés au regard de la modestie de la taille du seul bassin de natation quelle recouvre.
Quel est son coût ? Quel est son financement ? :
Initialement présenté comme un projet de 9 Millions et demi deuros, ( 8.226 000 TTC et 1 406 000 dhonoraires dingénierie supplémentaires) lors de la présentation initiale en Novembre 2005, le projet a été réévalué avec plus dattention pour donner suite à la demande de certains conseillers communautaires.
Il atteindrait à ce jour les 11 Millions et demi d TTC.
Il est utile de préciser que ces estimations ont été réalisées par les divers maîtres duvres et les services administratifs et ne résultent pas de devis ou de consultations dentreprises.
Le financement de lédifice serait assuré a part égale entre la Ville dAgde et la communauté dagglomération soit environ 5,7 Million deuros avant les subventions espérées.
Quelles sont ces subventions ?
-150 000 par an en provenance de la Région (versées sur 3 exercices)
– 34 000 du Conseil Général déjà acquises et 180 000 en attente.
– 100 à 300 000 du FADT
– Une aide de la Fédération Nationale des Sports
– Une subvention Européenne (Objectif 2) sous réserve de présentation avant fin 2006.
Au mieux, 1 Million deuros dont seulement moins de la moitié serait acquise à ce jour.
Si lintégralité des subventions était acquise (ce qui nest que probabilité) chaque partenaire devra débourser à minima 5,2 millions deuros TTC.
Chacun des partenaires devant recourir à lemprunt pour ce type de réalisation aurait à débourser pendant 20 ans la somme de 390 000 dannuité demprunt.
Pour ce qui est du fonctionnement, les charges annuelles sont estimées aujourdhui par la communauté à 366 000 .
La Ville dAgde prendrait en charge 326 000 . (représentant le coût annuel actuel du fonctionnement de la piscine municipale). La communauté dagglomération prendrait à sa charge le surplus estimé à 40 000 .
Lestimation du coût annuel de fonctionnement dun tel édifice au vu des volumes du bâtiment projeté par rapport à la taille modeste de la piscine Tournesol actuelle semble nettement sous-évaluée.
Si comme je le pense, les coûts de fonctionnement, lorsquils seront mesurés avec sincérité, sont plus proches de 470 000 annuels la communauté dagglomérations aurait à sa charge 150 000 par an de fonctionnement à ajouter aux 390 000 dannuités demprunt.
En pratique en considérant que les deux partenaires auront recours à lemprunt, cela représenterait :
Pour la Ville dAgde : 716 000 annuel ( 390 000 + 326 000 )
Pour la Communauté : 540 000 annuel ( 390 000 + 150 000 )
Quen Penser du point de vue dAgde ? :
Premièrement sur la faisabilité :
Un souci de taille semble ne pas avoir été évoqué, il sagit de la faisabilité juridique dun montage financier consistant à ce que la Ville dAgde ait la possibilité de financer 5 millions d pour un édifice dont elle na pas la propriété.
Pour la même raison, il est difficile dimaginer que la Ville dAgde puisse financer 326 000 de fonctionnement par an pour une structure qui a une vocation communautaire.
La ville dAgde na pas vocation à être caution et mère nourricière de la communauté dagglomération.
Deuxièmement sur léquité de la participation : :
Le contribuable Agathois va être appelé à participer trois fois :
– Une fois dans sa part communale, (50 % de linvestissement) .
– Une fois dans sa participation communautaire (environ 50 % du budget de la CAHM).
– Une troisième fois, au travers du fonctionnement par la prise en charge de 80 % du fonctionnement annuel.
– Cela représente 75% des investissements totaux, et plus de 80% des coûts de fonctionnements annuels.
– De surcroît, une participation financière lui sera réclamée comme ticket dentrée, lorsquil voudra avoir accès à un équipement quil aura déjà lourdement financé.
Quels en seront les avantages :
La piscine Tournesol fermant parallèlement ses portes, il ny aura sur la commune, aucune offre quantitative nouvelle en bassin aquatique et en capacité daccueil.
Au contraire, la vocation communautaire du bassin de remplacement de la piscine municipale actuelle entraînera des obligations daccueil pour lensemble des habitants de la communauté dagglomération. Des problèmes en terme de capacité et de satisfaction des besoins par une sur fréquentation se poseront de façon inéluctable.
Les arguments développés par le Président de la communauté dagglomérations en attesten. En effet, lorsquil indique que 152 classes primaires de lagglomération seront accueillies dans cette seule piscine, cela correspond à 4 classes par heure et par jour scolaire, soit 120 élèves en permanence. Outre linadéquation technique du bassin en regard de la demande à satisfaire, on comprendra que dans de telles conditions les particuliers agathois désireux de profiter de cette piscine ny auront quun accès très limité et particulièrement inconfortable.
Quen Penser du point de vue de lAgglomération ? :
Sur linvestissement :
À première vue, sur le plan de sa participation à linvestissement et aux frais de fonctionnement, cela semble être une très bonne opportunité en termes de pourcentage.
Mais si on regarde de manière plus fine, en termes de valeur absolue, les 5, 2 M d TTC ajoutés aux frais de fonctionnement, correspondent à une annuité évolutive de 540 000 qui doublerait dés la première année le montant du remboursement de la dette de toute la communauté dagglomération (538 000 en 2005 ).
Ce doublement des remboursements annuels de la dette obéreront de manière indiscutable et sur le long terme les capacités dinvestissement de notre agglomération.
Sur la localisation :
Pour un habitant dune des 19 communes, et dune soixantaine de milliers dhabitants, alors quaucun impératif de disponibilité de terrain ne se pose, il serait plus judicieux de choisir un site central et aisément accessible pour le plus grand nombre. Le projet tel quil est présenté se situera a une des extrémités de cet espace communautaire défavorisant fortement les communes du Nord de lagglomération qui sont déjà privées dun littoral marin.
Le coût de cette unique réalisation nautique en cette extrémité fermera la porte pour deux décennies, au moins, à un équipement structurant de la même ambition en un autre point de lagglomération.
Cette localisation induira également des surcoûts en frais de transports et de déplacements qui nont pas été chiffrés à ce jour.
En conclusion …
Ce projet de bassin aquatique est une nécessité objective pour la ville vu létat de vétusté des structures existantes.
La ville dAgde compte tenu des chiffres présentés ici a largement les moyens de se doter à coût égal dun équipement aquatique dun e capacité nettement plus importante mais dune ambition esthétique plus mesurée ou lesthétisme ne viendrait pas concurrencer un gigantisme inutile.
Au moindre coût nous pourrions alors avoir une piscine de même taille, mais nettement mieux adaptée aux besoins à satisfaire en évitant une sur fréquentation puisquelle serait destinée à trois fois moins dutilisateurs.
La communauté dagglomérations dans son ensemble a également besoin dun bassin à usage communautaire dans lequel Agde aura vocation à sinvestir mais uniquement dans la mesure de ses obligations communautaires.
En tout état de cause, lurgence ne semblant pas simposer, ce projet nécessaire doit être revu dans son ensemble, étudié sans précipitation et avec une plus grande concertation des besoins des communes, tant au niveau de limplantation géographique, que de la structure que de la taille du ou des bassins.
Pour un tel investissement, une précipitation dans la décision, pourrait obérer lavenir et faire regretter que plus de temps nait été consacré à létude de ce dossier.
Didier Denestebe – Conseiller Municipal de la Ville dAgde
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