Communiqué de presse, le 09 octobre – En avril 2025, deux entreprises de Savoie et Haute-Savoie, clientes du Crédit Agricole régional, ont été victimes d’une escroquerie téléphonique sophistiquée, dite « spoofing ». À Entrelacs et Vallières, un artisan a perdu l’intégralité de sa trésorerie et une TPE a subi une perte financière importante, à seulement quatre jours d’intervalle. Ce type de fraude touche tous les types de clients, mais les entreprises sont particulièrement exposées, leurs plafonds de virements élevés permettant aux fraudeurs de dérober rapidement des sommes importantes. Les escrocs ont utilisé le numéro de téléphone officiel affiché du Crédit Agricole et des mails à en-tête bancaire pour manipuler leurs victimes et les inciter à effectuer des virements vers des comptes frauduleux.
Un procédé bien rodé
Dans les deux cas observés, les fraudeurs ont d’abord contacté leurs victimes en utilisant un numéro qui semblait parfaitement légitime, puisqu’il apparaissait comme celui d’un service bancaire officiel. Ils ont prétexté une urgence de sécurité pour inciter les victimes à agir rapidement. Pendant l’appel, les escrocs ont utilisé des mails à en-tête officiel et disposaient d’informations personnelles et professionnelles détaillées pour rendre la fraude crédible.
Ils ont ainsi guidé les victimes pour valider des virements vers des comptes présentés comme « sécuritaires » mais en réalité frauduleux.
« Le fait que deux entreprises locales aient été victimes en quelques jours du même modus operandi – même discours, mêmes mails reçus, informations professionnelles détaillées et IBAN proches – met en lumière un schéma récurrent et sophistiqué. Malgré les systèmes de surveillance avancés dont disposent les banques, cette fraude a pu passer entre les mailles du filet. Cela montre l’urgence de renforcer la prévention et l’alerte pour protéger les professionnels » déclare Goëry Lalloz, victime.
Le mécanisme, conçu pour convaincre même les clients les plus prudents, n’a été déjoué par aucune des deux victimes. Le 26 avril 2025, l’artisan local a ainsi perdu tout son fond de roulement. Dans les deux cas, la trésorerie des entreprises a été fortement impactée, malgré la vigilance de leurs dirigeants. Jamais, au cours de plusieurs années d’activité, de tels virements n’avaient été effectués sur ces comptes, ce qui démontre le caractère exceptionnel et trompeur de l’opération.
Les banques et la jurisprudence
La Cour de cassation a rappelé le 23 octobre 2024 que les banques doivent rembourser leurs clients en cas de spoofing.
Elle a alors confirmé que c’est à la banque de rapporter la preuve que son client a commis une négligence grave*. Or, dans l’affaire traitée, au regard des circonstances dans lesquelles l’escroquerie avait eu lieu, il ne pouvait être reproché au client d’avoir commis cette négligence grave*.
En effet, le faux conseiller bancaire avait recouru à des manœuvres destinées à mettre sa victime en confiance et à diminuer sa vigilance. Tout comme dans les 2 affaires de ce communiqué :
l’escroc était parvenu à faire apparaître sur le téléphone portable du client un numéro d’appel identique à celui de sa vraie conseillère bancaire ;
la fausse salariée de banque qui se trouvait au bout du fil, avait assuré au client qu’en suivant ses consignes, il effectuait une opération sécurisée.
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de la banque, et cette dernière fut condamnée à rembourser son client.
Si la décision du 23 octobre 2024 concernait un particulier, la Cour de cassation a, par la suite, confirmé que la même protection pouvait également bénéficier aux clients professionnels, dans des décisions ultérieures rendues en 2025.
*La négligence grave correspond à un comportement particulièrement imprudent ayant facilité la fraude
Un risque pour toutes les entreprises de France
En France, la fraude au faux conseiller bancaire – parfois classée parmi les fraudes dites « par manipulation » – a représenté à elle seule près de 382 millions d’euros en 2023, selon la Banque de France / OSMP . Dans un tel contexte, les artisans et les petites entreprises se trouvent particulièrement vulnérables : une perte soudaine de trésorerie suffit parfois à mettre en péril leur équilibre financier et, avec lui, la continuité de leur activité.
Ici, et dans ces deux cas concrets, la répétition du stratagème, à seulement quatre jours d’intervalle, illustre à quel point cette fraude est sophistiquée et dangereuse, capable de viser indifféremment toute entreprise ou tout particulier.
« Suite à mon histoire, ma femme a partagé un post d’alerte sur les réseaux sociaux. Depuis le mois d’avril, elle reçoit des centaines de témoignages venant de tout le territoire.» déclare Goëry Lalloz.
« Le remboursement intégral des fonds détournés »
Face à cette fraude, l’attente de l’artisan est claire : que la jurisprudence soit appliquée sans délai et que l’intégralité des sommes détournées lui soit restituée. Il réclame également une information plus transparente et systématique sur toutes les fraudes recensées. Enfin, il insiste sur la nécessité de mesures de protection réellement efficaces, capables de préserver les entreprises face à des escroqueries d’une telle sophistication.
À noter, que ces informations sont partagées à titre d’alerte pour prévenir d’autres personnes et entreprises.

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