Communiqué de presse, le 02 novembre – Vient de paraître : “La Zébrelle”, de Reynald Seznac, aux Éditions du Palio
Sur la dernière page, elle n’avait rien écrit.
À la plume, elle avait dessiné une zébrelle cabrée.
Minuscule, très fine, élégante dans son élan,
comme si ce jour-là par quelque miracle
ses mains avaient cessé de trembler.
Elle était parée de magnifiques rayures
noires et blanches
Reynald Seznec était attiré par les lettres, il s’est passionné pour les sciences et a fait de l’industrie son métier. Mais il revient toujours à ses anciennes amours, toutes voiles dehors : l’écriture l’appelle tout autant que le vent du large. Si d’aventure vous aimez les histoires d’amour entre raison et déraison, par-delà les préjugés, levez l’ancre, tournez la jetée et la première page.
Raphaël arrive aux États-Unis à la fin des années 70 pour y préparer un doctorat après des études scientifiques en France, peut-être aussi pour tirer un trait sur un épisode de sa vie particulièrement traumatique. Il y fait la connaissance de deux étudiantes en droit brésiliennes,
très amies. Il s’ensuit un chassé-croisé sentimental à la fois tendre et exubérant, mais c’est de Jacinta (Jazz), la blonde métisse que Raphaël tombera follement amoureux. Leur idylle, après un faux départ, s’approfondit considérablement. Néanmoins, Jazz fait parfois preuve de comportements étranges qui intrigueront le lecteur, et passe par une phase dépressive plutôt inquiétante à la suite, ou pas, d’une agression subie lors d’un séjour en Corse.
Les études se terminent : Jacinta et Yolanda rejoignent un grand cabinet d’avocats bostonien. Raphaël, de son côté, renonce à une carrière universitaire, et devient le directeur technique d’une petite entreprise innovante. Il exploitera des capacités et mettra au jour des faces de sa personnalité dont il ignorait jusque-là l’existence.
Le bonheur est là, et malgré des signes toujours plus inquiétants dans le comportement de Jazz, fragile, anxieuse, instable même, Raphaël et celle-ci se marient. Yolanda fait de même de son côté, les deux jeunes couples demeurent très proches.
Jazz vivra peu après un premier épisode délirant et devra passer quelques semaines dans un hôpital psychiatrique. Elle semble toutefois s’en remettre, reprend le fil de sa carrière, et celui de sa vie avec Raphaël qui la soutient, de même que Yolanda.
Malheureusement Jazz interrompt son traitement, n’en supportant pas les effets secondaires, et connaît une décompensation massive qui la contraint à un long séjour en unité psychiatrique : la maladie mentale s’étale désormais au grand jour, même si Raphaël est laissé dans l’ignorance du diagnostic par le corps médical. Elle en ressort changée, les traitements sont tout juste suffisants pour lui permettre une existence « à petit bruit ». Elle doit abandonner sa carrière d’avocate.
Raphaël, lui, s’adapte cahin-caha en menant une sorte de double vie. Il est écartelé entre son activité professionnelle haletante – il est devenu entre-temps le directeur général de son entreprise en pleine croissance – et l’épouse qu’il aime envers et contre tout. Il ne quittera jamais Jazz, malgré la disparition de toute vie sexuelle : est-ce le fait d’un sens du devoir hors du commun, ou tout simplement de la crainte de l’abandon, du vide affectif qui est sa marque de fabrique ?
Jazz, diagnostiquée schizophrène, se coupe petit à petit de toute relation sociale, elle s’installe dans un monde rétréci, toujours à la lisière d’un délire sournois. Pendant un temps, elle trouvera un refuge dans l’art, mais la descente aux enfers est inexorable : elle y disparaîtra. Raphaël, de son côté, saura ouvrir une fenêtre donnant sur d’autres jardins.
Pourquoi publier ce livre aujourd’hui
J’ai en moi depuis longtemps l’idée de « La Zébrelle ».
Tant d’idées fausses circulent sur les personnes qui présentent des troubles du spectre de la schizophrénie : depuis leur « dangerosité » en passant par le « dédoublement de leur personnalité », jusqu’à leur « froideur affective » supposée.
Peu de romans abordent ce sujet. J’ai voulu montrer que ces personnes sont en réalité capables d’aimer très fort, même quand la maladie prend le dessus. J’ai voulu dire leur souffrance et celle de leurs proches, leurs joies aussi, et j’ai tenu à coller à la justesse psychiatrique, dans un récit qui doit autant donner à rêver qu’à penser.
S’il est devenu banal de disséquer les raisons pour lesquelles les couples se séparent, j’ai souhaité de mon côté interpeller le lecteur par la solidité indéfectible de l’union de Jacinta et Raphaël, dont le ressort va bien au-delà de la loyauté.
Reynald Seznec
Le mot de l’éditeur
Comme ils paraissent lointains ces États-Unis où débarque le narrateur à l’orée de « La Zébrelle » ! Pour les lecteurs qui les ont connus alors, le roman de Reynald Seznec a d’abord un parfum de retour vers ce qui, au vu de l’Amérique d’aujourd’hui, a des allures de paradis perdu. Quand on n’en abuse pas, la nostalgie fait du bien. En rappelant ce que l’Amérique a fait de meilleur, « La Zébrelle » invite à espérer qu’elle y reviendra. C’est un récit optimiste.
Encourageant, il l’est aussi dans son autre dimension, celle du développement lent, silencieux, longtemps imperceptible et incompréhensible de la maladie psychiatrique. Ne nous le cachons pas : quand elle plante son drapeau noir, tout le monde souffre. Mais, comme le héros du roman, on peut souffrir et aimer à la fois. L’auteur le montre avec délicatesse. Au terme de la lecture, en paraphrasant Camus, on est tenté de dire qu’un homme, ça s’empêche… de renoncer à aimer parce qu’il souffre.
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