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Colloque de Bruxelles : “Villes, sociétés et sida”,

14 Mar 2005

Colloque de Bruxelles : “Villes, sociétés et sida”, 11-13 mars. Près de 137 villes mobilisées.

Colloque de Bruxelles: interview du Bourgmestre Freddy Thielemans

A l’occasion du colloque « villes, sociétés et sida », le Bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Monsieur Freddy Thielemans, explique l’importance de cette manifestation au regard des enjeux du Sida en Europe et en Afrique.

– La ville de Bruxelles accueille le colloque annuel de l’AIMF sur le thème du Sida et, à ce titre, près de 137 villes francophones seront représentées. Que représente pour vous ce réseau ?

C’est un honneur pour Bruxelles d’accueillir ce réseau qui fait vivre la francophonie dans sa diversité en rassemblant des maires de tous horizons autour de thèmes d’intérêt commun. L’AIMF est pour moi avant tout un lieu d’expression, de solidarité et d’amitié envers nos collègues francophones.

Faire vivre la francophonie, c’est aussi pour nous au sein de cette association, faire vivre d
es valeurs communes. Nous n’oublions pas qu’il s’agit là d’une communauté de valeurs et de langues, consacrée à la promotion de la paix, de la justice, de la sécurité, de la solidarité, de la démocratie ainsi qu’au respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. La lutte contre le VIH-Sida qui va être abordée lors du colloque annuel, s’inscrit parfaitement dans cette volonté de justice sociale et de solidarité portée par la francophonie.

– D’après votre expérience, comment traduire une politique de ville tournée vers la prévention du VIH-Sida ?

Il est bien évident que toute politique de prévention du VIH-Sida doit prendre en compte le contexte local auquel elle est destinée si elle veut prétendre à l’efficacité. Une politique de la ville est donc en la matière plus que souhaitable, elle est légitime et nécessaire. Elle doit assurer la continuité des actions et leur mise en oeuvre sur l’ensemble du territoire afin de toucher l’ensemble de la population. R>
Il nous faut élaborer à partir de constats communs une stratégie commune faisant l’objet d’une concertation régulière entre les partenaires locaux voire nationaux. Comme pour toute politique, il nous faut des budgets à hauteur pour soutenir durablement les actions et les instruments de la prévention du VIH-Sida. Les financements fournis par les gouvernements aux villes sont ici cruciaux.

Dans les faits, ce travail demeure complexe et doit sans cesse être amélioré voire repensé. Les défis sont nombreux, je pense par exemple à associer les publics touchés à la conception voire au suivi de nos politiques. L’apport du colloque sera, je l’espère, déterminant pour nous donner de nouvelles pistes d’action.

– L’un des ateliers du colloque portera sur le rôle du maire dans la lutte contre le VIH-Sida. Comment définiriez-vous son rôle et ses responsabilités ?

Quand on pense qu’en Belgique par exemple, on compte une moyenne de 1,9 à 2,8 diagnostics VIH par jour, il est i
mpensable de ne pas réagir ou de se cacher derrière la responsabilité d’un gouvernement ou l’action d’organismes spécialisés.

Corps médical, secteur associatif, administrations, citoyens, chacun doit jouer son rôle en ayant connaissance de celui des autres afin d’assurer la complémentarité des actions au bénéfice de la population. A mon sens, l’apport principal des maires à la lutte contre le VIH-Sida est de faire le lien entre les acteurs de tous secteurs et à tous les niveaux (quartiers, ville, national, voire international). Nous devons favoriser voire assurer une synergie des actions au niveau local en veillant notamment à atteindre les populations les plus vulnérables sur le plan socio-économique et sanitaire et dont l’accès aux structures d’aide est de ce fait limité. Il s’agit par ces actions de maintenir la cohésion sociale sur nos territoires sans opposer « malades » et « non-malades ».

Le maire doit aussi veiller à l’exemplarité de son action et de ses discours
afin de contribuer à faire tomber progressivement les tabous et préjugés qui frappent parfois encore ceux qui sont atteints du Sida.

– L’AIMF a inauguré en novembre 2004 un Centre municipal polyvalent pour les jeunes de Ouagadougou. Ce centre, doté, d’un terrain de sport, abrite un espace multimédia mais aussi un espace d’informations sur le VIH-Sida. Quelles infrastructures vous semblent utiles pour informer et communiquer sur le Sida ?

On sait bien qu’en diminuant la communication ou en la rendant trop confuse, on prend le risque que les nouvelles générations notamment « baissent la garde » et prennent plus de risques face au VIH. Une réflexion sur les modalités d’information et de communication sur le Sida est donc cruciale.

L’enjeu est double. D’une part, il faut mieux cibler l’information en fonction des publics auxquels elle est destinée. D’autre part, il faut aussi dans le même temps maintenir la disponibilité d’une information générale pour tous.

Dans tou
s les cas, c’est une évidence : il faut porter l’information là où se trouvent les gens. La question n’est pas seulement de créer de nouvelles infrastructures, mais plutôt d’intégrer dans celles qui existent des dispositifs pérennes d’information et de communication qui ne soient pas le seul fait d’individus isolés. Je suis donc convaincu de l’apport de la communication sur le Sida par des structures dont ce n’est pas a priori la vocation principale, comme dans l’exemple de Ouagadougou. Faire passer le message par le biais de tels organismes doit permettre à chacun de disposer un peu partout et quand il le souhaite de l’information nécessaire pour faire face au Sida.

Enfin, les communes ne doivent pas hésiter à mettre à disposition les infrastructures dont elles disposent dans le cadre d’événements ponctuels de grande ampleur, comme nous le faisons chaque année à Bruxelles en accueillant la journée mondiale du Sida et les associations liées à cette problématique.

– Dans la l
utte contre le VIH-Sida, quel message l’AIMF peut-elle porter ?

Avant tout mettre en avant une détermination commune à lutter contre un fléau qui constitue, comme le signale un récent rapport des Nations Unies, une menace à la paix et à la sécurité internationale. Nous devons ici particulièrement veiller à attirer l’attention et à soutenir certains de nos pays représentés par nos membres qui sont dramatiquement touchés, je pense notamment aux pays de l’Afrique subsaharienne. N’oublions pas que dans les pays pauvres, le Sida constitue la deuxième cause de mortalité chez les 15-44 ans. La coopération internationale prend ici tout son sens et aucune action ne doit être négligée, car il s’agit de sauver des vies.

L’épidémie progresse et nous avons le devoir de réagir à la hauteur des drames qu’elle peut causer. Plus que jamais, la proactivité est de mise.

Ateliers et programme du colloque

> Atelier I : La société urbaine contre le Sida : le rôle des
maires
> Atelier II : Communication et éducation comme vaccin contre le Sida

Conférence introductive
Nathan CLUMECK, Professeur de Médecine, Université Libre de Bruxelles

Clôture des travaux
Babacar KANTE, Vice-Président du Conseil constitutionnel, Sénégal

Modérateurs
> Atelier I : Jean-Pierre DOZON, Directeur d’Etudes à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris
> Atelier II : Robert BEAUDRY, Directeur des opérations, Centre de Coopération Internationale en Santé et Développement, Québec

La plupart des organisations qui s’efforcent d’améliorer la santé publique doivent s’attaquer à la pandémie du VIH-Sida, et cela en poursuivant un triple objectif : s’attaquer aux multiples causes et conséquences de la pandémie ; renforcer le lien entre prévention, traitement et services de soutien ; nouer des partenariats efficaces entre structures gouvernementales et non gouvernementales.

Parmi les ripostes efficaces, on relève l’o
uverture sociale qui permet une meilleure connaissance de la maladie par les citoyens et qui réduit la stigmatisation dont sont victimes les malades. On relève aussi l’engagement de l’ensemble de la société civile et pas seulement celui du secteur de la santé, la synergie entre prévention et soins, le soutien à l’action communautaire, les interventions ciblées auprès des groupes les plus vulnérables, notamment auprès les jeunes avant qu’ils ne soient sexuellement actifs.

Il est reconnu que les risques de propagation du VIH sont nettement plus élevés en milieu urbain. D’ailleurs, les taux de prévalence du VIH en milieu urbain et en milieu rural révèlent des différences qui parlent d’elles-mêmes. Dans ce cadre, les municipalités occupent une place prépondérant dans le contrôle et la prévention de la pandémie. Aussi, par la proximité qu’elles entretiennent avec les populations locales, elles constituent un relais majeur dans la lutte contre le Sida. Le colloque de Bruxelles s’in
téressera au rôle du maire comme force de propositions et de rassemblement autour d’une cause qui dépasse largement les frontières.

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