Entendre pour mieux voir – communiqué de presse – Des travaux menés par les équipes de Pascal Barone et d’Yves Trotter du Centre de recherche Cerveau et Cognition (CNRS/Université Toulouse 3), ont permis de montrer que l’aire sensorielle visuelle primaire, la première aire cérébrale visuelle à recevoir l’information venue de la rétine, peut être influencée par le son. L’ensemble de ces travaux a des implications directes dans la compréhension des mécanismes neuronaux qui participent à la réorganisation fonctionnelle du système nerveux central lorsque l’on perd une fonction sensorielle comme la vue ou l’ouïe par exemple. Cette étude est publiée dans la revue en ligne BMC Neuroscience le 12 août 2008.
Quand le cerveau reçoit une
information, son traitement est alors hiérarchisé. Les stimuli
sensoriels sont traités au travers de canaux indépendants, des
récepteurs périphériques jusqu’aux aires sensorielles primaires, avant
d’être distribués ultérieurement vers des aires fonctionnellement plus
spécialisées. Jusqu’à présent, les phénomènes d’intégration impliquant
plusieurs sens paraissaient être une caractéristique que seules
possédaient les aires fonctionnelles hautement spécialisées. L’étude de
Pascal Barone et ses collaborateurs a consisté à rechercher des
phénomènes d’interactions multisensorielles dès les stades précoces du
traitement cortical de l’information. C’est-à-dire au niveau des aires
sensorielles primaires.
Les chercheurs ont étudié les réactions
comportementales et neuronales de singes à des stimuli visuels,
auditifs puis aux deux simultanément. Du point de vue comportemental,
le singe dirige plus vite son regard sur une cible visuelle si celle-ci
est accompagnée d’un son. Au niveau neuronal, la stimulation
visuo-auditive induit une diminution d’environ 5-10% des temps de
réponse des neurones de l’aire sensorielle visuelle primaire. Ces
résultats démontrent clairement que des neurones d’une aire sensorielle
primaire du cortex peuvent intégrer des informations venant d’une autre
modalité sensorielle. L’aire visuelle n’est donc pas hermétique aux
informations provenant du système auditif probablement grâce aux
connexions dites “hétéromodales “qui unissent ces deux systèmes.
Ces
travaux ont également des implications directes dans la compréhension
des mécanismes neuronaux qui participent aux réorganisations
inter-modalitaires du cerveau lorsque l’on perd une fonction
sensorielle. Il est maintenant clairement admis que la perte d’une
sensorialité, la vision ou l’audition, a pour effet de développer des
compétences accrues dans les modalités sensorielles préservées. Ces
phénomènes de compensation inter-modalitaire trouvent leur origine dans
le fait que l’aire corticale privée de sa fonction initiale va être
utilisée par une autre modalité sensorielle et va ainsi acquérir de
nouvelles fonctions. Cette étude réalisée par Pascal Barone et ses
collaborateurs permet ainsi de mieux comprendre la potentialité des
aires visuelles du sujet aveugle à traiter d’autres informations
sensorielles, telles que les sons.
Contacts :
Chercheur Pascal Barone
T 05 62 17 37 79
[email protected]
CNRS Claire Gouny
T 01 44 96
51 51
[email protected]
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