L’identification d’un nouveau gène du diabète de type 2 suggère des mécanismes communs dans le développement du cancer et des diabètes
L’équipe du Professeur Philippe Froguel (CNRS, Lille), en collaboration avec l’Université de Londres (Imperial College, London) et la Mayo Clinic (Rochester, Etats-Unis), vient de montrer l’existence de mécanismes génétiques communs à deux maladies du pancréas, le diabète de type 2 et le cancer du pancréas. Ces résultats sont publiés on line, le 17 mars, dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences des Etats-Unis (Proceedings of the National US Academy of Sciences, PNAS).
Le diabète affecte environ une personne sur dix dans le monde et le nombre de diabétiques devrait doubler d’ici à 2020. Le diabète de type 2 (DT2) est une maladie complexe qui associe des anomalies de la sécrétion de l’insuline et une insensibilité des tissus à l’insuline produite. L’hérédité joue un rôle important dans le DT2. L’équipe CNRS de Philippe Froguel a fortement contribué depuis 1992 à identifier plusieurs gènes du DT2, notamment ceux responsables de formes à début précoce (MODY). L’exploration du génome entier de 158 familles françaises (publiée en 2000) a permis d’identifier plusieurs régions génétiques (ou loci) conférant une prédisposition augmentée au DT2, en particulier sur le chromosome 2 où est situé le gène KLF11.
Le cancer du pancréas est l’un des cancers les plus redoutables dont le diagnostic est en général trop tardif pour être curable. Le diabète est un facteur de risque reconnu du cancer du pancréas, mais les mécanismes en cause restent largement inconnus. Cette étude internationale, menée conjointement avec des gastro-entérologues américains ayant aussi bénéficié du support d’équipes israélienne et québecoise, montre que des mutations du gène KLF11, connu pour être un gène suppresseur de tumeurs (du pancréas mais aussi du sein), sont responsables de formes monogéniques familiales à début précoce de DT2 (diabète MODY) et augmentent le risque de développement du DT2 de la maturité.
C’est la première fois que des mécanismes communs entre ces deux maladies sont mis en évidence. Ils mettent en cause la voie de signalisation du facteur de croissance Transforming Growth Factor (TGF) beta qui active KLF11, un facteur de transcription régulateur de l’expression d’autres gènes. Dans le pancréas, KLF11 contrôle la prolifération des cellules exocrines (qui produisent les enzymes de la digestion), mais selon les travaux de l’équipe française, il jouerait également un rôle important dans la différenciation et la fonction des cellules beta endocrines sécrétrices de l’insuline. Ces résultats ouvrent ainsi des perspectives nouvelles pour la prévention et le traitement des maladies du pancréas.
Références :
Role of Transcription Factor KLF11 and its Diabetes-Associated Gene Variants in Pancreatic β-Cell Function. PNAS 17 mars 2005
Bernadette Neve, Martin E. Fernandez-Zapico, Vered Ashkenazi-Katalan, Christian Dina, Yasmin H. Hamid, Erik Joly, Emmanuel Vaillant, Yamina Benmezroua, Emmanuelle Durand, Nicolas Bakaher, Valerie Delannoy, Martine Vaxillaire, Tiffany Cook, Geesje M.Dallinga-Thie, Hans Jansen, Marie-Aline Charles, Karine Clément, Pilar Galan, Serge Hercberg, Nicole Helbecque, Guillaume Charpentier, Marc Prentki, Torben Hansen, Oluf Pedersen, Raul Urrutia, Danielle Melloul, Philippe Froguel
Contacts : |
Contacts chercheurs : Philippe Froguel et Bernadette Neve Laboratoire de génétique des maladies multifactorielles (Lille) Tél : 03 20 87 79 54 – Fax : 03 20 87 72 29 Mél : [email protected], [email protected] Web: Consulter le site web Raul Urrutia et Martin Fernandez-Zapico Contact presse : Contact département des sciences de la vie : |
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.