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Sarah Tritz «Diabolo mâche un chewing-gum sous la pluie et pense au cul»

06 Nov 2015

« Faméliques mais toujours tirés à quatre épingles, les personnages filaires du bestiaire de Sarah Tritz cachent bien leur jeu. Sans épaisseur – on peut voir à travers malgré les parures et autres gris-gris dont ils sont affublés – les personnages qu’elle convoque à la Fondation d’entreprise Ricard, de Diabolo à Sluggo en passant par Le Géant ou La Figure assoupie, trainent derrière eux une cohorte d’invités mystères. Ces aînés illustres ou oubliés que Sarah Tritz repêche sur le tamis de l’histoire de l’art (en convoquant avec une grande précision un petit dessin tremblé d’Antonin Artaud, un collage suturé de Picabia, une peinture criarde de Dana Schutz, mais aussi les poignées de porte anthropomorphiques du Musée d’art moderne de la ville de Paris) constituent le socle très sûr des caractères, ou characters, qui peuplent son œuvre.

Et lorsqu’elle s’aventure pour la première fois du côté de la sculpture en trois dimensions, bien en chair (fût-t-elle de bois), c’est paradoxalement lorsqu’elle va chercher du côté de la platitude de la BD en mettant en scène Sluggo, jeune garçon mal dégrossi tout droit sorti d’un comics américain des années ‘50. Et c’est encore sur le même fond coloré qui sert d’étendoir aux personnages de cette BD pop que se dessinent à la Fondation d’entreprise Ricard les silhouettes tubulaires de l’exposition de Sarah Tritz. Un théâtre miniature de noces contre nature, de couples mal assortis, qui dessine en creux une nouvelle représentation du monde à l’envers. »

Claire Moulène, septembre 2015.

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