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Stéphane Chaudesaigues, la Bête humaine

28 Jan 2007

Tatoueur ou pas?

Je suis né en 1968, j’ai 6 enfants, dont mon fils ainé Steven qui travaille avec moi ce dont je suis très fier.  J’ai moi même commencé tôt, à 19 ans, ce qui était moins  facile à l’époque que ça ne l’est maintenant. Aujourd’hui  les gens qui se font tatouer en grande majorité, le font  suite à un phénomène de mode, ce sont ces meme personnes  qui nous jetaient des cailloux il y a une vingtaine  d’années, parce que nous étions apparenté a des voyous. 

J’aime le tatouage et l’identité qui peut s’y rattacher, je l’ai découvert quand j’étais enfant.

Il s’agissait d’un tatouage qui n’était pas artistique mais qui me semblait très puissant dans la symbolique car il  effrayait les honnêtes gens. Les tatouages auxquels je fais réference étaient laids et n’embellissaient pas le corps, c’était la plupart du temps des images issues du milieux carcéral, qui signaient une appartenance à un groupe. Ces tatouages, très contreversés, ont pu à un moment de ma vie, me donner le sentiment d’exister et d’avoir une identité. Ces marques sur le corps m’ont permis de me construire. Je revendiquais donc le d’intervenir sur moi, je m’appartenais.

Par la  même occasion j’étais rejeté par la plus grande partie du système, c’était donc le prix a payer pour essayer d’être.
J’ai appris seul, même si cela est faux car j’ai subi de très grandes influences et les références ne manquaient pas pour essayer d’avancer. Je remercie tous les anciens, tatoueurs et tatoués, qui m’ont permis de m’enrichir de leurs expériences par leurs confidences ou tout simplement en m’ayant laissé regarder leurs tatouages.
J’ai besoin d’être réaliste, je pense que j’ai besoin d’être rassuré en essayant de faire un nez qui ressemble à un nez.

Il est vrai aussi qu’en progressant dans cette technique, lorsque les gens viennent pour se faire le portrait d’un être cher, ils préfère que ce soit ressemblant. J’aimerais m’échapper de plus en plus dans la couleur, me faire très peur en essayant de destructurer la structure nécessaire à un travail ressemblant.
Certains des tatouages que j’ai fait racontent des histoires qui sont en relation avec des moments de ma vie passée ou des interrogations sur le fonctionnement des humains et de notre societe. Oui je regrette que souvent ces images soient tristes, j’aurai préféré avoir une enfance meilleure et peut être moins me poser de questions.

Le tatouage tient une très grande place dans ma vie, il occupe ma vie. J’aime voir des oeuvres sur la peau, reconnaitre la patte de tel ou tel tatoueur, j’aime croire connaitre la personne qui les porte et qui nous les montre, qu’ils soient beaux ou vilains.
Je ne sais pas si il y a réellement une scène de tatouage en France et j’ignore si il s’y developpe. Je pense que c’est une industrie ou il est plus rentable de faire des lettres chinoises, bien entendu toutes uniques, que de s’impliquer réellement dans une approche personnelle.

Je pense que le terme artiste ou artiste tatoueur est galvaudé et qu’à la finale ce soit pour le consommateur le reflet d’une marginalité castrée. Etre artiste tatoueur ou pas pourrait impliquer de ne pas céder ou de céder à la prestation de service, du propre sur soi et du sourire hypocrite affiché à une clientèle en soif d’identité “fashion”.
Les choses semblent avoir un peu changées….
Reste a voir de quelle façon.

Une pensée amicale quand même à tous ces tatoués perpétuant le rituel (inconscient ou pas) qu’est celui d’une séance de tatouage.
Bravo pour votre détermination et cette volonté d’achever ce travail en commun et douloureux. Merci à celui qui, tapi dans l’ombre de ma folie, tel un fruit trop mûr, voir presque comme pourri, laissa germer en moi l’idée d’être enfin celui que je suis.

Artiste ou pas?

J’ai choisi le tatouage parce que à mes débuts il ne s’agissait pas d’une pratique artistique.
L’éducation que j’ai reçue ne me permettait pas d’envisager une orientation dans les arts. Le peintre vit et meurt dans une chambre de bonne, sans le sou et l’estomac vide. Il ne peut jouir de sa célébrité puisque posthume, si reconnaissance il y a….
Gagner sa vie pour survivre et nourrir sa famille se fait au prix d’un dur labeur et surtout pas avec des pinceaux. Devenu tatoueur, seuls les aspects techniques devaient me préoccuper, très vite pourtant, sans même maîtriser les bases de mon métier, une voie parallèle m’attirait. Cette voie était celle d’une image plus vivante, selon moi chargée d’émotion et traité avec ma sesibilité.
Oui ma sensibilité…. Un énorme joyau ou un fardeau si lourd à porter qu’il me pénalisa toute mon enfance. Un passage de ma vie où il était préférable de devenir un adulte… Pour ne plus avoir à les supporter.
Un enfant ne peut pas toujours s’explimer, souvent même on lui dit de se taire.

Plus tard l’adulte qu’il deviendra n’aura d’autre choix que de continuer à la fermer. Impossible donc d’exister dans cette micro société qu’est la famille et aucun moyen pour l’humain de se faire entendre dans le systeme où il évolue : la société. Peu d’issue possible donc à part peut-être la violence, la mutilation et parfois l’autodestruction. L’artiste quant à lui peut presque tout faire!

Il peut dire et montrer par des moyens détournés, même avec hummour ce qu’il pense véritablement. Tant et si bien qu’ils sont parfois considérés comme des précurseurs. Même des génies.

Ahhhhhh ces Artistes!!!

chaque famille à son artiste, c’est ce qui qualifie le petit dernier ou la plus grande des trois, mais sans jamais faire allusion aux incapacités réelles d’insertion à un système. L’art devient donc la meilleure façon de parler la bouche fermée. Il est l’art et la manière de faire parler de lui. Plus tolérable et parfois en total décalage avec la plus grande partie des spectateurs. Moi j’aime l’Art!!

J’associe des mots à des émotions très fortes et je fabrique des images, mes images, mon message. Il n’est paut être pas interressant… Il n’en reste pas moins mon message, une trace infime de mon passage. Un sourire de larmes ou des hurlements de joie étouffées.
Je m’appuie sur la libre asociation d’idées, ciblées et réoganisées pour construire un visuel qui existera indépendamment de l’idée première. Qui montre cependant et illustre souvent mes refoulements.

Au risque de déplaire, je ne veux plus me taire!

La bête humaine ou l’enfant chiot : l’acceptation de soi et de son identité au travers des travers du passé. Une reconnaissance de son existence malgré les difficultés et le non-sens de son enfance.
Le bête est un adulte, le chiot un enfant…
L’enfant reste il un humain ou un animal huamnisé avec des règles et des codes pour se protéger de lui-même et des autres?

Je ne suis plus un chiot, avant j’étais un enfant…
             Un enfant et puis un monstre

L’enfant chiot pour la bête humaine ou l’enfant d’une bête….

Stéphane Chaudesaigues.

Site officiel : http://www.stephanechaudesaigues.com

STEPHANE CHAUDESAIGUES.
ATELIER 168.
7 RUE GEOFFROY L’ANGEVIN.
75004 PARIS.
Téléphone : 01.44.59.68.20

 

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