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Une employée de l’Église de scientologie de Lausanne pressée comme un citron

11 Mai 2005

Communiqué de l’AVDS
 

 

Notre association pour fêter dignement le premier anniversaire de notre site de prévention www.anti-scientologie.ch vous offre en exclusivité le témoignage d’une ex-employée de l’Eglise lausannoise de scientologie. Un témoignage accablant qui nous est parvenu ce 10 mai 2005
 

 
Le témoignage de Pierrette
(nom d’emprunt)
 
De temps à autre, un homme se dresse en ce monde,
Etale sa fortune et proclame : «c’est moi !»
Sa gloire vit, l’espace d’un rêve fêlé.
Déjà la mort se dresse et proclame: «c’est moi !»
 
Omar Khayyam
 
Les scientologues ne font jamais de cadeau
Madonna (nom d’emprunt) employée de l’Eglise de scientologie de Lausanne était une des “reg.” (registrar), une des vendeuses de l’organisation de L’Eglise de scientologie de Lausanne, mais aussi la responsable de la division dans laquelle je travailllais. C’est elle, avec le directeur de l’Eglise de scientologie, et accessoirement quelques FSM (membres du personnel à l’extérieur), qui faisaient bouillir la marmite, entendez par là qui faisaient entrer le fric.
 
Je la craignais plus qu’aucun autre employé de la scientologie. Car, quand elle soupçonnait une source d’argent, de fric quelque part, comme un chien qui tient un bel os, rien ni personne ne lui faisait lâcher sa prise. L’os, en l’occurrence, c’était moi et surtout l’argent que je représentais.
 
Lorsque mon mari est mort, Madonna ne m’a pas lâchée avant que j’achète de l’audition pour m’aider à «traverser mon deuil».
 
(Mon mari avait quitté son corps comme on dit en Scientologie – Le thétan quitte son corps comme un chauffeur sort de sa voiture. Pour aller dans l’entre­deux vie et aller dans une maternité chercher un nouveau corps. Et, recommencer un nouveau cycle de vie sur la terre …)
 
Pour Madonna, je devais payer cette audition, que je travaille à l’org ou pas, là n’était pas la question. Elle m’a très bien fait comprendre que ce n’était pas correct ! Il fallait un échange sonnant et trébuchant, le travail ne pouvait en aucun cas être considéré comme une contrepartie. Les scientologues ne donnent jamais rien sans contrepartie, comme cela gratuitement.
 
J’ai donc dû acheter des heures d’audition (la thérapie de scientologie) pour environ 1’300 euros. De cette audition j’en suis sortie comme anesthésiée et ne me sentais plus la même. J’avais l’impression de me dédoubler. Une partie de moi-même regardait ce que faisait l’autre, sans pouvoir intervenir.
 
Même pendant que je travaillais, quelque chose surveillait ce que je faisais.
 
Une employée de l’Eglise de scientologie capable de tout pour faire rentrer de l’argent
Un jour, Madonna m’a convoquée. Quand je me suis rendue à son bureau, elle était très inquiète. Pourquoi, je ne le savais pas, mon travail je le faisais le mieux possible mais j’avais une peur bleue de Madonna. Je la sentais capable de tout pour faire rentrer de l’argent pour la scientologie.
 
Elle me demanda avec un grand sourire :
 
– Comment vas-tu, Pierrette ?
– Quelle question ! … Mais oui ça va !
– Ces heures d’audition t’ont fait du bien n’est-ce pas ? Tu as très bonne mine, tu sais …
 
J’avais envie de répondre “bof”. Je n’ai pas osé.
 
– Elle me demanda encore si je m’en sortais financièrement.
 
Je me crispais intérieurement; je trouvais cette question indécente, cela ne la regardait pas.
 
J’attendais un rétroactif sur mes rentes, le versement tardait un peu. Je ne lui en ai alors pas parlé, ni de l’assurance que mon mari avait contractée et qui devait payer le petit coin de terre sous laquelle il reposait. Les frais que représente la mort sont sacrés et si certains en profitent, cela n’enlève rien au fait. Pour le repos de l’être qui est parti, il faut respecter cela. Je ne lui parlais donc pas de cet argent non plus. Deux jours après, l’argent fut versé sur mon compte.
 
Madonna arriva comme une furie : «Pourquoi n’as-tu pas parlé de l’argent que tu allais recevoir ? Tu es une tricheuse, tu caches tes revenus, l’org a le droit de savoir !
 
Je répondis fermement que cet argent, personne n’y toucherait, tant que je serais vivante. Cet argent devait payer sa tombe, sa mise en ordre. Madonna me traita d’avare, de grippe-sous, de dégueulasse, et elle est repartie dans une rage démentielle. «Tu refuses d’aider Ron à clarifier la planète me lança-t-elle, un moment plus tard, à la cafétéria, devant plusieurs staffs. Tu as de l’argent et tu refuses de le donner».
 
Je lui ai répondu que je travaillais des heures et des heures pour un salaire de misère et que presque tout le matériel indispensable à mon département, je le payais de ma poche.
 
Madonna me menaça aussitôt d’un rapport d’éthique; je n’avais pas le droit de parler comme je le faisais.
 
«Nous n’avons rien et nous donnons tout, et toi tu n’as même pas pas ta carte de membre à vie» me dit-elle, oubliant que du toner aux enveloppes, en passant par l’achat de mon bureau et de dossiers pour classer la moindre fiche, j’avais avancé plus de 14’000.- euros. Somme qui jamais ne me sera remboursée.
 
Depuis les dernières auditions de scientologie, je n’arrivais plus à repousser cette espèce de chape qui m’enfermait comme un carcan et qui m’empêchait de réagir comme je le voulais, comme je l’aurais fait avant.
 
Je n’arrivais plus à me défendre. Je sentais que j’aurais dû réagir violemment aux propos de Madonna, mais je n’y arrivais pas. Je me sentais comme engluée, ne pouvant dire ce que je pensais vraiment.
 
Si tu es malade c’est à cause d’un «suppressif»…
 
Peu auparavant l’org avait décrété que j’étais «PTS» (Source potentiel de troubles à cause d’une connection avec une personne dites «suppressive»…). Il fallait nettoyer tout cela. Normalement, un scientologue ayant reçu ce statut de «PTS» n’a pas le droit de recevoir de l’audition. Je représentais un danger pour l’ org.
 
Ils contournèrent ce fait en déclarant que c’était de l’éthique, payant bien sûr.
 
J’avais l’impression d’avoir attrapé une maladie honteuse et qu’ils le savaient. Enfin, c’est ce qui m’a été expliqué par A + B, bien que je n’étais du tout d’accord sur ce fait, je les ai laissé dire.
 
Pourtant, ils me firent bien comprendre qu’avec mes hauts et mes bas, je mettais l’org en danger et, comme ils l’affirmaient, je les ai crus.
 
Je venais de passer mes examens et avais été reçue officiellement comme staff. J’ai donc acheté le cours qui me permettrait de comprendre ce qui n’allait pas chez moi. (cours PTS/SP – PTS = source potentielle d’ennuis et SP = personne suppressive.)
 
Ce cours est un maniement d’éthique. J’étais obligée de le suivre si je voulais par la suite être auditée sur le Pont (Bridge en Anglais), la route qui mène à l’état de clear, appelé aussi le tableau des grades et des niveaux de conscience. Le voyage du non-savoir à la révélation. Et comme tous les Scientologues, je rêvais de le traverser, ce pont.
 
Pendant que je suivais ce cours Madonna ne me lâcha pas. Pour suivre les grades qui jalonnent le pont jusqu’à clair, il lui fallait, selon ses dires, environ 120 heures d’audition si tout allait bien, plus les heures nécessaires pour se débarrasser de ma situation PTS, bien sûr, car il fut décrété que le cours ne suffisait pas. Après avoir donné tout ce que j’avais soigneusement mis de côté pour on ne sait jamais, il me restait dans les 50’000 dollars à trouver pour pouvoir m’offrir “l’état de clair”.
 
Je me disais que j’avais tout le restant de ma vie pour y arriver. Ce n’était pas si mal comme objectif. Là, je n’ai pas réalisé que je me faisais complètement manipuler car pour recevoir l’audition pour devenir clear, jamais je n’aurais dû verser un sou car en tant qu’employée selon les règlements de scientologie j’aurais dû recevoir gratuitement de l’audition …
 
Un harcèlement abject
 
Je ne sais pas encore maintenant comment ils ont fait pour m’obliger à m’endetter pour payer mes auditions.
 
Je me souviens seulement que Madonna commença à me convoquer tous les jours à tout instant. Ou bien elle m’apostrophait dans les corridors ou à la cafétéria, toujours devant des témoins : «Alors, Pierrette, tu as enfin trouvé une solution pour ton audition ?» Un harcèlement abject. «Alors, tu as trouvé une solution ? Alors tu as enfin cet argent ? …» Comme si je le devais, comme si je faisais une mauvaise action de ne pas trouver l’argent demandé, exigé plutôt.
 
C’était devenu une obsession. Rien que d’entendre le son doucereux de la voix de Madonna, je plongeais dans une angoisse qui me laissait un noeud au ventre, tremblante.
 
Je cherchais de quelle faute je pouvais bien m’être rendue coupable ? Les mots argent, fric, dollar me faisaient frémir, presque vomir. Si je n’avais pas signé un contrat de travail qui me liait à l’org, je serais alors partie en claquant la porte.
 
Plusieurs fois, je me suis jurée que je ne retournerais pas à mon travail. Ils le savaient très bien, car ils ne m’ont jamais laissé le temps de réaliser ce qui m’arrivait.
 
J’ai eu plusieurs auditeurs successifs, plus de six auditeurs différents; normalement il est déconseillé de changer à tout moment d’auditeur, un staff peut faire des sacrifices n’est-ce pas ? Même quand il paye ses auditions alors qu’il travaille pour un salaire de misère.
 
En Scientologie, tout doit être manié, mais surtout les emprunts bancaires
 
Mon auditeur s’étonnait du peu de gains (améliorations que l’audition apporte au pc = préclair) que je faisais. Je finis par lui dire que je n’en pouvais plus du harcèlement dont j’étais l’objet. Il me répondit que je devais manier cette situation.
 
En Scientologie, tout doit être manié : les gens, les choses, les situations. Tout est réduit à l’état de particules maniables.
 
Chaque fois que je faisais un gain, Madonna m’attendait pour me rappeler mon problème. «Alors cette solution tu l’as trouvée ? » Ils ont tout essayé pour me faire “cracher du fric”, comme je l’ai entendu, plus tard, une missionnaire le dire derrière le dos d’une scientologue harcelée comme je l’avais été. Ils ont tout essayé pour m’obliger à leur donner ce que je ne possédais pas, de l’argent.
 
Je recevais bien une rente mais les banques qui ne sont pas folles ne prêtent pas à une personne ayant juste une rente de veuve pour vivre.
 
Un jour, Madonna arriva dans mon bureau toute souriante. Elle m’apaisa d’un geste et dit : «J’ai ta solution !» Une de ses idées de plus pour me faire cracher mon fric ? Elle en avait déjà eu de ces idées mirobolantes pour atteindre cet argent qui la faisait frétiller, saliver, qui lui donnait tous les culots, toutes les audaces. J’en avais reçu des affronts qui m’avaient rendues malade.
 
Madonna me chapitra ce jour-là : «Tu me laisseras faire, c’est moi qui parlerai, tu te tairas, tu n’auras juste qu’à faire ce que je te dirai de faire. » Je ne pouvais rien faire, j’avais l’impression d’être prise dans un piège mental. je restais apathique, comme si tout se passait en dehors de moi. Je m’entendais dire oui, oui alors que j’avais envie de hurler “NON”.
 
Cet après-midi-là, en quelques heures, avec Madonna j’ai couru après tous les papiers indispensables pour pouvoir obtenir un prêt. Un papier prouvant que j’étais solvable, un extrait de mon casier judiciaire prouvant que je n’étais poursuivie pour aucun méfait, une attestation de domicile et partout c’était Madonna qui parlait.
 
J’avais envie de fuir mais n’arrivais pas à réagir, j’étais comme engluée. La nuit, Madonna m’a lâchée avec difficulté. Le lendemain, nous sommes allées dans une petite banque du canton de Berne. Le chèque est passé des mains du banquier dans celles de Madonna puis dans le coffre de l’org.
 
La pilule était amère pour moi. J’avais fait ce que j’avais promis justement de ne jamais faire : j’avais fait des dettes. J’ai été encore plus désenchantée quand un employé scientologue m’a dit, quelques mois plus tard, quand il reprit le poste de chef du personnel, que «jamais il n’aurait accepté qu’un de ses staffs débourse un centime pour de l’audition ou pour des cours, même pour de l’audition d’éthique qui normalement doit être payée par le recevant, d’après les règlements de la Scientologie». «Car, m’expliqua-t-il, avec ce que nous gagnons, ce serait un minimum que l’org offre les cours et l’audition à ses membres du personnel. L’échange n’est pas in sans ça.»
 
C’est une des choses qui m’a fait partir pour ne plus jamais remettre les pieds dans l’org; mais cela viendra bien plus tard.
 
Là, à ce moment, je me sentais comme un pantin dont on tire les ficelles. Comme ils ont dû rire et se moquer de ma naïveté, rien que d’y penser des larmes perlent encore dans mes yeux ! Toutes les fois où Madonna m’avait invectivée devant d’autres staffs, souvent des hauts gradés, personne n’était intervenu; donc, pour moi, tous, à un certain niveau, étaient de connivence.
 
Seule Isabelle (nom fictif) m’avait un tout petit peu mise en garde, mais bien plus tard; le mal était déjà fait.
 
Une Église de scientologie qui vole ses employés
 
J’ai travaillé trois ans pour l’Eglise de scientologie de Lausanne avec un horaire de plus de 12 heures par jours, 6 jours sur 7, et un salaire de misère.
 
Par deux fois, l’Eglise de scientologie a même retenu les salaires des employés pour pouvoir faire face aux dépenses les plus courantes; cet argent ne nous a jamais été rendu malgré les promesses.
 
J’ai dû payer tous mes cours et faire des dettes pour acheter mes auditions de scientologie, soit un total de 80’000 euros et cela malgré les promesses de cours et d’auditions gratuites faites aux employés dans les règlements de Ron Hubbard …
 
(Ndlr : Pierrette n’a pas compté dans les 80’000.- ci-dessus les 14’000.- avancés de sa poche pour l’achat du matériel de son bureau et jamais remboursés par la si riche trésorie de l’Eglise de scientologie …)
 
Durant la première année, je n’ai reçu aucun salaire car il fallait que je réussisse auparavant les examens me donnant le statut de staff (employé de scientologie) … Pour ma deuxième années de travail, j’ai gagné 2’600 euros, ce qui fait 215 euros, et, pour ma troisième année comme la situation financière de l’org s’est dégradée, certaines semaines je ne recevais que 6  ou 15 euros … et même plusieurs fois, alors que mes statistiques étaient BONNES, je n’ai rien reçu !
 
J’évalue à 700 euros le salaire maximum qui m’a été versé pour cette troisième année catastrophique.
 
La scientologie : c’est une bande de voleur
 
Comment faisaient ceux qui n’avaient pas d’autres revenus que ce maigre salaire ? Un jour, j’allais l’apprendre à mes dépens.
 
J’avais cru en l’honnêteté des scientologues. J’avais fait confiance et hébergé un couple de scientologues dans ma maison : je leur ai confié l’argent pour le logement, mais je me suis retrouvée avec des factures impayées de loyer, d’électricité, ainsi que des factures insensées de téléphone (plus de 2’000 euros de frais téléphoniques) …
 
Plus j’avançais et plus je perdais mon libre arbitre
 
Je venais de recevoir un prêt pour acheter cette audition que je ne voulais pas et je ne savais pas encore à quel point je m’étais fait avoir.
 
Je sentais seulement que quelque chose ne jouait pas, mais quoi ? J’avais reçu de l’audition, j’était montée sur le fameux pont. J’avais gravi les marches, “les grades” pour devenir claire, mais plus j’avançais et plus je perdais mon libre arbitre.
 
Dès qu’il s’agissait de l’org ou de la Scientologie, je tombais dans une apathie qui me faisait réagir positivement à leur égard, même si cela me mettait en danger. Je perdais toute ma logique, je disais oui et amen, applaudissais à tout rompre à tout et je ne me rendais plus compte que j’agissais de la sorte.
 
J’étais devenue un robot bien sage, bien obéissant.
 
 
Pierrette, Porrentruy, le 10 mai 2005
Association d’aide aux Victimes de la Dianétique et de la Scientologie
CP 224
2900 Porrentruy
Suisse
 

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