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Cap sur la pollution en Afrique

17 Mar 2014

Etude de la pollution en Afrique – Communiqué de presse, Paris 11 mars 2014

En Afrique, lactivité humaine contribue fortement à la pollution atmosphérique. Alors que lon ne disposait jusquà présent pas de de données établies concernant les émissions de polluants de chaque pays sur le continent africain, une équipe franco-ivoirienne a entrepris les recherches nécessaires à ce sujet.

Emissions polluantes en Afrique

Dépendant du Laboratoire d’aérologie (CNRS / Université Toulouse III
Paul Sabatier), le groupe de chercheurs a dressé une cartographie des
émissions polluantes en Afrique pour l’année 2005 mais aussi présenté
une estimation pour 2030 selon trois scénarios possibles. Léquipe a
ainsi prouvé que les modèles de changement climatique actuellement
considérés par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat) sous-estiment les émissions polluantes du
territoire africain projetées jusquà 2030. Elles pourraient en fait
contribuer de 20 à 55 % aux émissions globales anthropiques des
polluants gazeux et particulaires. Publiés le 11 mars 2014 dans la revue
« Environmental Research Letters », les travaux de ces scientifiques
permettront daméliorer ces modèles climatiques, mais également
dévaluer les impacts sur la santé de la pollution dans les zones
urbaines de l’Afrique.

Impact de la pollution

Afin dévaluer le plus précisément possible
l’impact de la pollution sur la qualité de l’air et du climat
, les
inventaires d’émissions des polluants sont primordiaux. Ce sont sur ces
données scientifiques que se basent les modèles atmosphériques et
climatiques pour proposer des projections dans le futur. Là où le besoin
se faisait ressentir pour lAfrique, cest quelle ne disposait jusquà
maintenant que dinventaires globaux et non régionaux comme cest le
cas en Europe, Asie ou Amérique du Nord. Cest pour pallier à ce déficit
dinformation précis, que les scientifiques ont développé des cartes
d’émissions anthropiques pour l’année 2005 en Afrique
, et ce, pays par
pays. Ils se sont pour cela servis de diverses données récoltées daprès
des questionnaires de la consommation de fuels soumis aux autorités de
différents pays, des enquêtes de terrain, et des résultats de programmes
de recherche tels que AMMA (programme sur la mousson ouest-africaine)
et POLCA (programme sur la pollution des capitales africaines). Les
chercheurs ont aussi pris en considération certaines sources d’émission
de gaz et de particules particulièrement polluantes en Afrique : d’une
part les deux roues, les anciennes voitures et les vieux camions dans
les milieux urbains, et d’autre part, la fabrication de charbon de bois
pour la cuisine.

L’ensemble des sources d’émission anthropique
de lAfrique représentent à ce jour, selon les gaz ou particules
considérés (tels que carbone suie, carbone organique, dioxyde de soufre,
dioxyde d’azote ou monoxyde de carbone) entre 5 et 20% de la pollution
mondiale. La contribution du continent  au changement climatique ne
peut donc pas être écartée.
Cest en sappuyant sur les inventaires
réalisés pour l’année 2005, que les chercheurs ont estimé les émissions
polluantes africaines en 2030 en développant trois scénarios. Issus du
modèle économique POLES, les deux premiers scénarios types présentent
soit un monde sans politique environnementale, soit un monde incluant
les engagements du protocole de Kyoto (soit, une réduction de 5,5% des
émissions de gaz à effet de serre sur la période 2008-2012 par rapport
au niveau atteint en 1990). Le troisième scénario induit des réductions
d’émissions spécifiques.

Ce qui ressort principalement de
cette évaluation est quen l’absence de toute prise de mesure de
régulation efficace, le continent africain pourrait participer de  20 à
55 % à lémission anthropique globale de polluants gazeux et
particulaires à l’horizon 2030
. Ces chiffres sont largement supérieurs
aux chiffres actuellement énoncés par les modèles de changement
climatique.

Les travaux du groupe de chercheurs
franco-ivoirien devraient venir améliorer ces modèles dans les futures
publications du GIEC. Les chercheurs songent dautre part à se servir
des données de ces inventaires pour évaluer de manière précise l’impact
de ces émissions polluantes sur la santé des populations urbaines
africaines. Léquipe espère que ses résultats influenceront les
décideurs africains dans leurs choix concernant lusage des combustibles
et des véhicules en vue d’améliorer la qualité de l’air dans les villes
dAfrique.

A propos :

Le Laboratoire d’aérologie du CNRS à
lUniversité de Toulouse III  Paul Sabatier, collabore étroitement avec
le Laboratoire de physique de l’atmosphère et de mécanique des fluides
de l’Université Houphouët Boigny-Cocody en Côte d’Ivoire, le laboratoire
« Politiques publiques, actions politiques, territoires »
(CNRS/Université Pierre Mendès France/Université Joseph Fourier/Sciences
Po Grenoble), le Laboratoire “atmosphères, milieux, observations
spatiales” (CNRS/UPMC/UVSQ) qui fait partie de l’Institut Pierre-Simon
Laplace, le laboratoire NOAA/ESRL & CU/CIRES à Boulder aux USA et le
Max-Planck Institute for Meteorology de Hambourg en Allemagne.

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