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Communiqué de presse France créances

21 Mar 2006

Je veux tout, tout de suite

Comment concilier les exigences de certains citoyens avec les règles de la nature, de la vie en société, à fortiori de la démocratie ? Les exemples où « tout doit répondre immédiatement à mes attentes », sont légion.

Mars venait à peine de poindre et le CPE nétait pas encore dans les tuyaux que la presse, inspirée par quelques lecteurs impatients, titrait ou reprenait en chur cet invraisemblable couplet sur « cet hiver qui nen finit pas ». Un constat que le Général Hiver trouvait bien injuste puisquil égrainait les jours de sa durée légale. Comme prévu, il attendait lhabituelle relève du Printemps. Rien de plus, rien de moins que le train-train habituel. Mais les journaux voulaient sonner sa fin avant lheure et de concert sépanchaient sur les vilénies de ces froidures durables. Le Printemps avez-vous dit ? Avec ses brusques sursauts de température, ses bourrasques, ses giboulées. Non Merci. Cest lEté, quil nous faut, et tout de suite. Sans faire leffort dattendre bien sûr.

« Je ne vais quand même pas temporiser ou laisser évoluer la situation » me disait lautre jour une de mes connaissances qui – à linstar dun grand nombre dinsatisfaits de leur vie de couple – envisageait le divorce comme seule solution à ses maux. Marié depuis un peu plus dun an, la vie commune, lui devenait insupportable. Il lui était impossible de subir plus longtemps les sarcasmes du ménage. Lespérance ? Un mot banni de son vocabulaire. Il navait que faire de mes propos sur ces pierres qui, au fond de londe, se frottent entre elles pour shabituer et se connaître au point quelles finissent par se polir, se fondre, sépouser lune, lautre. Cest maintenant et tout de suite quil fallait sentendre et en tous points. Sans faire leffort de comprendre, bien sûr.

Dans le même esprit, tous les magazines et les vendeurs de « soupe light » interpellent actuellement, le chaland, et plus particulièrement la gente féminine, par un seul verbe. Il se conjugue à tous les temps. Il est toujours accompagné dun laps de temps très court : « Maigrir en 7 jours ». Ceux qui semblent les plus honnêtes prônent un régime sans donner de chiffres sur la perte de poids qui découle de ces potions ou portions magiques. Les autres nhésitent pas et leur slogan racoleur continue de faire des miracles : « Perdez 7 kilos en un mois ! » Je ne peux plus attendre. Je dois maigrir tout de suite. Sans faire leffort de la démarche, bien sûr.

Enfin, il est un domaine où plus rien ne sert à rien. Il est bien connu maintenant quil est totalement inutile de suivre un enseignement pour savoir. Cela se vérifie tous les jours. Les élèves ou les apprentis se plaignent constamment de leur Maître. Et puis dailleurs pour quelles raisons ces Maîtres disposeraient-ils de la connaissance ? Ne sagirait-il pas là dune forme de discrimination ? Le débutant que je suis, « peut lui en montrer tous les jours ». Je sais tout, sans avoir besoin de faire leffort dapprendre.

Dés lors, comment nos gouvernants ont-ils pu imaginer, dans ce contexte, quun contrat de travail puisse se dérouler « à lessai » sur deux ans dans notre pays ? Totalement irréaliste. Non pas sur le plan politique mais sur le plan sociologique. Faire ses preuves pendant deux ans ? Cela ressemble à léternité pour ces ressortissants du « tout, tout de suite ». Ces partisans de limmobilisme sont habitués à vivre dans linstant présent. Peu importe les règles de la démocratie. Ils veulent surtout que rien ne change, en tous domaines. Cest pour eux, un droit acquis. Prévoir un aménagement quel quil soit – surtout dans les rapports de travail – ressemble à une frustration et ne peut quêtre privatif de liberté.

Lavenir apportera la preuve du contraire via la compétition internationale qui, actuellement déjà, fait rage. Ceux qui sauront faire leurs preuves seront mieux placés que ceux qui semblent pressés aujourdhui dacquérir un emploi. Sans effort bien sûr. Gérard Gorrias

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