Une avancée majeure en biologie végétale : le génome de la vigne entièrement décrypté
Une avancée majeure a été accomplie dans la compréhension de la biologie des plantes : la première analyse détaillée de la séquence du génome de la vigne est publiée aujourd’hui. Les efforts communs de scientifiques du Genoscope et de l’INRA, en France, et de plusieurs Universités ainsi que de l’Istituto di Genomica Applicata (IGA), en Italie, ont permis d’obtenir une séquence de haute qualité de Vitis vinifera, la première pour une plante à fruits, cultivée à la fois pour ses fruits et leur transformation en vin. Des premiers résultats issus de l’analyse de ce génome permettent une meilleure compréhension de l’évolution des plantes ou encore des gènes impliqués dans les caractéristiques aromatiques des vins. Le détail de ces résultats est publié dans l’édition avancée en ligne de Nature du 26 août 2007.
La vigne est la quatrième plante dont le génome est entièrement décrypté, après l’arabette, le riz et le peuplier. Le projet de caractérisation du génome de la vigne a été engagé en 2005 grâce à un accord de coopération scientifique entre les ministères de l’Agriculture français et italien. Il est coordonné par l’INRA en lien avec le Génoscope et le CRA (conseil pour la recherche et l’expérimentation en agriculture) italien.
La publication de la séquence du génome de la vigne est à la fois un résultat important en lui-même, et le point de départ pour une caractérisation détaillée de la fonction des gènes de cette plante. Ceci est crucial pour une meilleure compréhension de la variabilité génétique naturelle et de ses liens avec la variation des phénotypes, mais aussi pour la réalisation de projets appliqués, concernant par exemple la sélection ou la création de variétés de vigne résistantes aux maladies. Ces applications devraient contribuer à la réduction, aujourd’hui nécessaire, de l’utilisation des pesticides et au développement d’une viticulture durable.
Une lignée de vigne obtenue à l’INRA de Colmar, il y a une dizaine d’années, par une série d’autofécondations successives à partir du Pinot Noir, a été sélectionnée pour le projet. Ce choix a permis l’obtention d’une séquence de très haute qualité d’environ 480 millions de paires de bases, qui a révélé quelques-uns des secrets de la constitution du génome de la vigne. Le séquençage a démarré en décembre 2005. Le Genoscope (Paris, France), l’IGA (Udine, Italie) et le CRIBI (Padoue, Italie) ont produit au total plus de 6 millions de fragments séquencés et les ressources et compétences de l’ensemble des partenaires (dont le Genoscope et l’INRA pour la France) ont été mobilisées pour analyser la séquence assemblée obtenue.
Des résultats majeurs pour comprendre l’évolution des plantes
L’analyse comparée du génome de la vigne avec ceux de l’arabette, du riz et du peuplier a ainsi révélé que l’organisation du génome de la vigne était la plus proche de celle de l’espèce ancestrale dont toutes ces plantes ont dérivé au cours de leur évolution. Ceci a permis de déduire une organisation possible du génome de l’ancêtre de toutes les plantes dicotylédones. Il apparaît que des phénomènes de duplication totale du génome sont à la base de cette radiation. Cet ancêtre possédait un contenu génétique provenant de trois génomes indépendants, un résultat que l’analyse des premiers génomes de plantes n’avait pas permis d’obtenir.
Vers une meilleure compréhension des caractéristiques aromatiques des vins
Un autre résultat majeur de cette analyse est l’existence chez la vigne de grandes familles de gènes intervenant dans les caractéristiques aromatiques du vin. C’est le cas, par exemple, des gènes codant pour l’enzyme Stilbène Synthase, qui permet la synthèse du resveratrol, un composé qui a été associé à des bénéfices pour la santé en cas de consommation modérée de vin.
Le même type de résultats a été obtenu à partir de la séquence du génome pour des gènes intervenant dans la synthèse de terpènes et de tanins, qui sont des constituants majeurs des arômes, des résines et des huiles essentielles.
L’ensemble de ces résultats est entièrement disponible pour les scientifiques de tous pays par l’intermédiaire de bases de données publiques. Le consortium public franco-italien a permis l’accès à la séquence de la vigne, depuis octobre 2006, par l’intermédiaire de plusieurs sites web* qui ont déjà été utilisés fréquemment par les chercheurs.
Ce projet est financé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Consortium National de Recherche en Génomique, l’Agence Nationale de la Recherche, l’INRA, et par le ministère italien de la politique agricole et des forêts (VIGNA-CRA), Friuli Venezia Giulia (région Frioule-Venetie) et un consortium d’entreprises privées et de banques (IGA).
Notes :
* Le consortium public franco-italien a permis l’accès à la séquence de la vigne depuis octobre 2006 par l’intermédiaire des sites suivants :
Genoscope : Consulter le site web
Vitis genome : Consulter le site web
IGA : Consulter le site web
Références :
The grapevine genome sequence suggests ancestral hexaploidization in major angiosperm phyla
Nature advance online publication 26 August 2007 | doi:10.1038/nature06148
Consulter le site web
Contacts : |
Contact scientifique : Anne-Françoise ADAM-BLONDON INRA, coordinateur France Unité mixte de recherche « Génomique végétale » INRA-CNRS-Université d’Évry tél. : 01 60 87 45 34 Jean Weissenbach Enrico PE Michele MORGANTE Contact presse : |
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