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Les Lacustres, une civilisation ressurgie des eaux

03 Mai 2005

Six mille ans, cest le temps quil aura fallu pour rouvrir une page de notre histoire. En ce mois de janvier 1854, un hiver exceptionnellement sec abaisse le niveau des lacs suisses. Des objets en bois, en terre cuite ou encore en bronze émergent de la vase et «entament» le récit dun peuple du Néolithique et de lâge du Bronze, les Lacustres. Ils le poursuivent jusquau 29 mai 2005, au Musée du Malgré-Tout à Treignes, leur première halte dans lUnion européenne.

Ce dimanche 15 mai, le Musée du Malgré-Tout propose diverses animations pour le prix dune entrée normale : visite guidée de lexposition (4 sont prévues), tir à larc et au propulseur ainsi quune série dactivités sur le feu. A ne pas rater !

Aux alentours de 4000 jusquen 800 avant Jésus-Christ, des familles sinstallent sur les rives des lacs suisses mais aussi français, allemands et italiens. Ils érigent sur les plages des habitations étroites (5m) et longues (15 à 20m). Elles sont fabriquées à partir de pieux de bois et de torchis. Les vestiges de la structure boisée des maisons néolithiques ont longtemps fait croire quil sagissait de constructions bâties sur des plates-formes sur pilotis au-dessus de leau. Or, les découvertes plus récentes ont révélé une tout autre réalité : les villages de nos ancêtres les Lacustres étaient fondés sur la terre ferme.

Agriculteur, pêcheur et chasseur

Pendant que les uns aménagent les habitations, les autres cultivent la terre. Les agriculteurs font pousser du blé, de lorge, des lentilles, des pois et des fèves. Ils réservent aussi quelques parcelles au pavot. Avec les graines de ce proche cousin du coquelicot, les Lacustres produisent de lhuile; avec les tiges, ils tissent du textile.

Dautres encore sadonnent à la pêche, celle du brochet entre autres. Nous sommes en 4000 avant J.-C. et les techniques de capture sont déjà bien élaborées. Ainsi, les pêcheurs néolithiques repèrent les courants, les vents et les bancs de poissons. Selon le lieu et les espèces convoitées, ils embarquent dans des pirogues, posent des nasses, jettent une ligne au bout de laquelle pend un hameçon ou encore un filet muni de poids de pierre et de flotteurs en écorce de peuplier,

Les jours les plus propices, ils troquent leur gaule et leurs filets contre un arc et des flèches armées de pointes en silex et plus tard en bronze afin daller chasser le cerf. Il y a 6000 ans, les populations du plus grand cervidé européen sont très importantes. Il faut dire que leur habitat est très étendu et dense.

Tout ou presque du cerf est utilisé : la viande pour se nourrir, la peau pour shabiller, les ramures pour fabriquer des gaines de haches, manches, pioches, aiguilles, etc. Chacune de ces parties est travaillée avec des outils adéquats : tranchants en silex, gouges en os, haches et herminettes (hachette à tranchant perpendiculaire au manche) en roche dure polie, Ces derniers sont réalisés par ceux et celles du village qui se montrent les plus habiles à ce type de réalisations. Il semble en effet quà lépoque déjà, il existe des «spécialistes.»

Des témoins éloquents

Si un certain nombre de métiers, toujours exercés aujourdhui, étaient déjà pratiqués par les Lacustres, personne na entrepris celui décrire leur quotidien. Pourtant, on en connaît un sacré bout sur leur vie. Cette connaissance, on la doit à tous ces objets cités ci-dessus ainsi quà ceux confectionnés par les potiers, tisserands ou orfèvres et métallurgistes (à partir de 1600 avant J.-C.) de lépoque. Après avoir longtemps «dormis» dans un milieu favorable (leau douce et une vase argileuse) tasses, jarres, marmites, écuelles, perles, épingles, épées témoignent dune vie engloutie par le temps.

Près de 300 de ces vestiges du passé vous attendent au Musée du Malgré-Tout à Treignes. Jusquau 29 mai 2005, ils vous racontent que les communautés Lacustres sorganisaient afin de garantir la survie de leur groupe, quelles tenaient compte des saisons pour réaliser des tâches précises telles les moissons ou labattage des arbres, quelles étaient capables daffronter certaines catastrophes telles celles qui pouvaient compromettre leurs récoltes. Bref, en visitant lexposition «Les Lacustres, Secrets des villages engloutis» on se surprend à se dire que la solidarité, lexploitation des facultés personnelles, la recherche en vue daméliorer le quotidien, le confort, le goût du beau, sont des valeurs très anciennes. Que le terme moderne est applicable à chaque époque.

Parmi les objets les plus surprenants de par leur conception et/ou leur état de conservation, citons: une hache avec un manche en bois , une vaisselle en bois, un oiseau en céramique, un pendentif en bronze, une perle dambre et dor et des coquilles de noisettes vieilles de 6000 ans!

En pratique

– Lexposition «Les Lacustres, Secrets des villages engloutis» est accessible du 29 janvier au 29 mai 2005, au Musée du Malgré-Tout 28, rue de la Gare à 5670 Treignes.

– Exposition bilingue français-néerlandais.

– Catalogue en français édité par le Musée national suisse.

– Ouvert du lundi au vendredi, de 9h30 à 17h30 ; week-ends et jours fériés, de 10h30 à 18h. Fermé le mercredi, sauf vacances scolaires et jours fériés.

– Visites guidées et animations pour les groupes de 15 à 25 : sur réservation.

– Tarifs : adulte : 5; étudiant/senior : 4; enfant de 6 à 12 ans : 2,50; moins de 6 ans : gratuit.

– Pour infos : +32(0)60/39.02.43

– E-mail : [email protected]

– Site web : http://users.skynet.be/cedarc

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