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Les sécheresses auraient un impact durable sur les écosystèmes terrestres

23 Sep 2005

Des chercheurs du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, unité mixte CEA-CNRS, en association avec l’INRA et de nombreux laboratoires européens du projet CarboEurope(1), ont analysé les impacts de la sécheresse survenue durant l’été 2003 et ont montré que ce type d’événement pouvait modifier à long terme et de manière significative les échanges de gaz carbonique du continent et donc le fonctionnement des écosystèmes. Ces résultats font l’objet d’une parution dans la revue Nature du 22 septembre 2005.

A partir de l’étude de la vague de chaleur extrême et de la forte sécheresse en Europe survenue au cours de l’été 2003, les chercheurs du CEA-CNRS et de l’INRA ont analysé les impacts d’un changement climatique sur les écosystèmes terrestres. Ces résultats ont pu être obtenus grâce à un réseau unique de mesures des flux de carbone et d’eau sur un ensemble représentatif des forêts et prairies d’Europe, ainsi qu’à un système de modélisation atmosphérique.

La communauté scientifique estime généralement que le réchauffement climatique du XXIeme siècle en Europe et aux latitudes tempérées entraîne une augmentation de la productivité végétale à cause, entre autres, du rallongement de la saison de croissance au printemps et de la séquestration de carbone par la végétation. Les résultats obtenus par les chercheurs montrent que de fortes sécheresses, telles celle rencontrée en 2003, ont au contraire un effet négatif sur la production de biomasse et le fonctionnement des écosystèmes.

En replaçant l’année 2003 dans le contexte des évolutions climatiques depuis le siècle dernier, les chercheurs  ont en effet observé que la chaleur et la sécheresse ont causé une baisse sans précédent de 30% de l’activité végétale à l’échelle de tout le continent européen, qui s’est traduite par un rejet anormal de CO2 dans l’atmosphère. Les températures extrêmes et surtout l’exceptionnel déficit de précipitations ont accéléré l’assèchement des sols et altéré la photosynthèse, avec des effets qui ont duré jusqu’en automne. La respiration des écosystèmes, au lieu de s’accentuer avec l’augmentation de la température, a diminué en même temps que la production végétale.

Les chercheurs estiment qu’il est encore trop tôt pour analyser les dommages à long terme d’un tel extrême climatique sur la végétation (résistance aux pathogènes, dépérissement des arbres, changements de végétation, impacts sur l’agriculture …). Mais alors que les simulations climatiques futures prédisent que de tels événements deviendront plus fréquents au cours du siècle, ces résultats soulèvent d’importantes questions sur l’aptitude de nos écosystèmes à résister au changement climatique ainsi que sur les mesures à prendre pour faciliter cette adaptation.

Référence
” Europe-wide reduction in primary productivity caused by the heat and drought in 2003 “,
Nature, vol 437, n° 7058, 22 septembre 2005.

(1) Le projet CarboEurope, développé dans le cadre du 6ème PCRDT, a pour but de quantifier les échanges de gaz carbonique en Europe et de déterminer leurs effets à léchelle du continent.

 
 
Rédacteur :  Service Presse INRA, tél : 01 42 75 91 69
Contacts : 

– Philipe Ciais, LSCE (CEA) ; tél : 01 69 08 95 06 ; mèl : [email protected]
– André Granier, Ecologie et Ecophysiologie Forestières, Centre INRA de Nancy, tél : 03 83 39 40 38 ; mèl : [email protected]
– Denis Loustau, Ecologie Fonctionnelle et Physique de l’Environnement, Centre INRA de Bordeaux, tél : 05 57 12 28 51 ; mèl : [email protected]
– Jean-François Soussana, Agronomie, Centre de Clermont-Ferrand, tél : 04 73 62 44 23, mèl : [email protected]
 
 

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