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Prostitution et violences à Genève

23 Mai 2007

Communiqué de presse – Aux représentant-e-s des médias Genève, le 23 mai 2007 – Des sociologues de lUNIGE orientent une campagne destinée aux travailleuses du sexe Mandatées par lassociation Aspasie, des sociologues de lUniversité de Genève (UNIGE) livrent aujourdhui le fruit de leur recherche sur les différentes formes de violences auxquelles sont confrontées les travailleuses du sexe. Les formes de la violence changent selon les contextes de la prostitution et la prévention relève de stratégies strictement individuelles. Cest ce qui se dégage dune étude menée sur le terrain. Pour pallier les carences et institutionnaliser la problématique, Aspasie lance une campagne directement inspirée des observations effectuées par les sociologues. Cette expérience fournit un exemple de collaboration réussie entre lUNIGE et une organisation citoyenne.
Dans le sillage dune campagne de prévention de la violence lancée en 2003 par lEtat de Genève, lassociation Aspasie, qui défend les droits des personnes travaillant dans les métiers du sexe, a décidé détendre la démarche aux contextes à haut risque quimplique la prostitution. Pour ancrer cette démarche au plus près du quotidien des femmes concernées, lassociation sest tournée vers le Département de sociologie de lUNIGE. Sous la direction de Milena Chimienti et Àgi Földhazi, les sociologues ont pu dresser un état des lieux de la prostitution officielle et officieuse à Genève, définir des types de violence en fonction des situations, ainsi quidentifier les principaux obstacles actuels au soutien des victimes potentielles.

Un examen de la diversité
Le travail a consisté en la récolte de témoignages de femmes exerçant dans différents milieux du marché du sexe, aux niveaux de la prostitution officielle et officieuse. Dans le premier cas, les personnes bénéficient du statut dindépendante et donc dun permis détablissement donnant accès au travail non-salarié. Dans le second cas, les personnes sont des employées sadonnant à la prostitution parallèlement à leur activité salariée. Ces dernières bénéficient dun permis de séjour à durée limitée, qui ne permet pas le statut dindépendante. Dans une minorité de cas, il sagit encore de personnes sans autorisation de séjour et pratiquant la sexualité tarifée de manière officieuse en raison de leur situation de séjour irrégulière. Quatre contextes ont été examinés : la voie publique et les salons de massage, caractéristiques de la prostitution officielle ; les bars à champagne et les cabarets, qui sont les lieux de la Université de Genève prostitution officieuse. Les témoignages dinformatrices francophones, russophones, hispanophones, lusophones et thaïs ont été recueillis.

De multiples formes de violences
Si toutes les situations de violence sont liées aux rapports de pouvoir, la particularité des violences dans le marché du sexe réside dans un cumul des nombreux facteurs de risque. Létude sociologique montre que des formes particulières de violences sont déterminées par les conditions structurelles des lieux. Ainsi, lagression directe et la violence physique prédominent dans la rue, tandis que la violence liée à un « processus de contrôle » est plus caractéristique des cabarets, des bars et, dans une moindre mesure, des salons de massage.
Des stratégies individuelles Face aux violences, les ressources développées et mobilisées par les informatrices
sont avant tout dordre individuel. Dans une situation de vulnérabilité juridique, économique et sociale, les personnes tendent à ne compter que sur elles-mêmes.
Recourir aux institutions nest pas une démarche perçue comme susceptible de changer la situation des personnes, ni même de pouvoir soulager les problèmes rencontrés dans lactivité. Lactivité prostitutionnelle légale assure une marge de négociation plus importante aux femmes pourvues dun permis de séjour. A linverse, le manque dautonomie constaté dans les cabarets oblige les employées à enfreindre les règles, quil sagisse des consignes internes ou des contraintes induites par leur permis de séjour.

Des axes pour une campagne bien ciblée
Afin de proposer des mesures daction au niveau institutionnel, les sociologues de lUNIGE recommandent notamment dinformer les travailleuses du sexe sur leurs droits et de les sensibiliser aux possibilités de soutien qui leur sont actuellement offertes. Aspasie pourrait en outre attirer lattention de la police sur les difficultés
spécifiques des travailleuses du sexe, créer un réseau d’acteurs compétents et assurer des rencontres régulières pour discuter des problématiques (questions sanitaires, juridiques et de réinsertion) ; enfin, il serait utile dinformer les différents acteurs du domaine social et médical (hôpitaux, centres daction sociale et de santé, médecins), aux problématiques du marché du sexe.

Contacts:
Pour obtenir de plus amples informations, nhésitez pas à contacter
Milena Chimienti au 022 379 88 76 ou en écrivant à
[email protected]
Presse Information Publications:
24 rue du Général-Dufour – CH-1211 Genève 4 – Tél. 022 379 77 17 – Fax 022 379 77 29
E-mail: [email protected], www.unige.ch/presse

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